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2 ans de présidence du MR pour Georges-Louis Bouchez. Il est temps pour un portrait étendu.

Dimanche dernier, le journal De Tijd a suivi Georges-Louis Bouchez pendant toute une journée. Des studios de télévision de RTL, ils sont allés dans une brasserie à Knokke, où Georges-Louis a subi l’affrontement éprouvant en F1 entre Hamilton et Verstappen.

Pas le temps de se remettre de la victoire spectaculaire de Verstappen. Dans le parc Léopold Lippens, lui et les supporters ont tiré sur le club de football Royal Francs Borains lors du match contre l’équipe côtière.

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Le ghost rider de la Vivaldi

Dans son combat contre la sortie du nucléaire et contre les impôts, Georges-Louis Bouchez (MR) n’hésite pas à secouer deux gouvernements à la fois. Le super fan de Lewis Hamilton fait de la politique comme Max Verstappen l’a fait sur son chemin vers le titre mondial de Formule 1: sans scrupule. De Tijd s’est mis pendant un jour dans le sillage de “GL Beep Beep”:

« Ah Ministre-Président, vous êtes venu en Uber ? »  Nous sommes dimanche après-midi ce  12 décembre dans les coulisses de l’émission de RTL ” C’est pas tous les jours dimanche “, le Président du MR et le chef – de plus en plus affaibli – du gouvernement bruxellois se croisent. Tous deux ont connu des jours mouvementés. Rudi Vervoort (PS) a dû faire face à une mutinerie au sein de son groupe parlementaire lors de la guerre des taxis à Bruxelles. Le MR, à son tour, a été à l’origine d’une crise au sein du gouvernement wallon, où le groupe parlementaire libéral, avec l’appui de Bouchez, a retoqué la réforme fiscale de son propre ministre Jean-Luc Crucke, qui, pour le maintien de la paix, a quand même été votée. L’un des enjeux était la réduction de l’exonération des droits de succession sur les donations, que Bouchez – qui se profile comme le protecteur de la classe moyenne – considère comme une abomination. Lui-même a poussé si loin son combat contre la sortie du nucléaire que ses amis de l’Open VLD en ont eu le souffle coupé.

Alors que Vervoort – qui entre-temps a fait face à un mauvais sondage – déambule mélancoliquement vers le studio, Bouchez rayonne littéralement comme un pot de brylcreem (ndlr. gel pour les cheveux), après s’être présenté auprès du présentateur Christophe Deborsu comme l’homme d’État qui a fait prévaloir la stabilité du gouvernement wallon. Durant son interview télévisée, il a même réussi à faire une fleur à Elio Di Rupo. “Je lui tire mon chapeau quant à son attitude dans ce dossier. Il mérite d’être Ministre-Président”, a-t-il déclaré.

C’est en partie vrai. Bien que Di Rupo ai un jour éjecté Bouchez du conseil communal de Mons pour cause d’indiscipline, les similitudes sont nombreuses. Bouchez est également issu d’un milieu modeste, en partie d’origine italienne de la région du Borinage. Que ses parents qui travaillent dur – gérants d’un petit magasin d’électricité – ne pouvaient pas s’offrir une voiture plus grande que celle de leur voisin au chômage, lui a donné une aversion ptofonde pour le socialisme. Mais il a aussi du respect pour ces hommes politiques qui sont arrivés au sommet sans dynastie, comme Di Rupo et lui-même.

Mais le compliment est aussi tactique. Les semaines précédentes, des rumeurs ont circulé selon lesquelles Ecolo et dans une moindre mesure le PS en auraient eu tellement assez de Bouchez, qu’ils voulaient l’éjecter du gouvernement wallon. En faisant l’éloge de Di Rupo et en laissant sous-entendre que Magnette chercherait également un nouveau porte-drapeau en Wallonie dans un tel remaniement – Il se chuchotait que le Vice-Premier Ministre fédéral Pierre-Yves Dermagne déménagerait à Namur – il a fait de l’ancienne star du PS un allié.

Selon le journaliste Frédéric Chardon de La Libre Belgique, qui suit le MR au plus près, Bouchez lui-même n’a pas trop perdu la face lors de l’incident au MR. “À Namur, où le siège du gouvernement wallon est installé, on a l’habitude de vaquer à ses occupations sans le regard de Bruxelles. “Maintenant chacun sait qu’il faut tenir compte de Bouchez.”

Il y a des politiciens qui craquent sous le stress d’un tel niveau d’enjeu. Bousculer les partenaires de coalition, affaiblir un ministre qui s’écarte de la ligne Bouchez, défier une multinationale française – Engie- tester le Premier Ministre de son propre parti frère – mais pas pour le Président du MR de 35 ans. Lorsqu’un peu plus tard, il est installé dans sa voiture en direction de Knokke, où son club de foot Francs-Borains joue un match en déplacement, il est heureux comme un enfant à la lecture des réactions à son interview sur le plateau d’RTL. “Regardez, un sms de Louis Michel. “Tu étais fascinant”, lui écrit-il . J’ai beaucoup  de soutien de Louis. Il est comme mon grand-père.”

Bouchez passe frénétiquement de l’un à l’autre de ses téléphones portables et à la radio de la voiture: il lit des sms et y répond. Il indique à son équipe chargée de la communication quel extrait de l’interview RTL elle doit diffuser, il s’entretient avec la vice-première ministre Sophie Wilmès, change de radio jusqu’à ce qu’un air agréable soit diffusé. “Ah, Clouseau! J’adore la pop néerlandophone”- et- Bouchez tout craché – retweet des tweets positifs à son égard. Un peu narcissique? Non, répond-il fermement. Il le fait pour “montrer aux autres présidents de parti qu’il reçoit un large soutien de la population et qu’il ne se laissera pas évincer.”

Mais ce message est certainement aussi à usage interne. Le style clivant de Bouchez n’a pas que des admirateurs parmi les mandataires. Un an auparavant, il en a exaspéré tellement  avec ses choix ministériels qu’un groupe de 11 sages a été constitué pour le surveiller. “Nous avons mis fin à l’hyperprésidence de Georges-Louis”, avait déclaré à l’époque Jean-Luc Crucke. Mais Bouchez n’a pas été bousculé. Avec un discours bleu foncé, populaire de droite et beaucoup de soutien aux sections locales, il vise résolument le cœur du militant. De cette manière, son sort ne dépend plus des “barons”, les pointures du parti qui soutenaient sa candidature. Et cela commence à porter ses fruits. Le fait que le nombre de membres ait augmenté de 14% en un an est un encouragement tout aussi important pour Bouchez que les résultats du dernier sondage, qui montre que le MR est en hausse en Wallonie et que Bouchez lui-même gagne en popularité à Bruxelles. Le soi-disant G11 ne s’est jamais réuni et n’a pas non plus été mentionné dans les nouveaux statuts de MR. Bouchez est assis sur son trône plus fermement que jamais. D’où une confiance en soi importante.

Equipe de Formule 1

Dans la voiture, il appelle son porte-parole néerlandophone, John Hendrickx. Ils conviennent rapidement que le passage sur RTL était utile pour souligner une fois de plus qu’il défend la classe moyenne et qu’il est contre les impôts, même si la réforme a finalement été approuvée. Nous trouvons cela bizarre. Bouchez secoue la tête: “Connaissez-vous l’expression ‘à qui perd gagne’ ? Vous pouvez perdre une bataille, mais gagner la guerre. Les journalistes politiques désignent les gagnants et les perdants dans chaque affrontement. Mais ce n’est pas ainsi que l’électeur pense. L’électeur se demande : l’homme politique a-t-il raison et s’est-il battu jusqu’au bout pour ses idéaux ? C’est également le cas pour la sortie du nucléaire.

Hendrickx, qui a gagné ses galons chez Didier Reynders, qualifie Bouchez de président le plus actif que le MR ait jamais eu. Il ne perd jamais de vue ses thèmes centraux. Il est toujours sur le qui-vive. “Je suis en bonne condition physique, mais je ne peux le suivre que pendant trois jours du matin au soir. » Chaque jour, le Président, que l’on appelait enfant “Beep Beep” en référence au personnage de dessin animé Roadrunner, se lève à 5 heures du matin et, dès 6 heures, les premiers messages parviennent à ses collaborateurs. Les tweets sont activement poussés vers les journalistes qui travaillent sur le sujet. Toujours avec le hashtag #fierd’êtrelibéral. Il ne lit pas les notes, il les scanne. “Après un seul regard, on a l’impression qu’il a écrit le texte lui-même”. Pour les dossiers techniques, comme le nucléaire, il s’entretient constamment avec des spécialistes du centre d’étude ou des personnes du secteur afin d’étayer son discours. La seule personne avec laquelle il n’a pas pu s’entretenir est Jean-Pierre Clamadieu, président d’Engie. Il ne voulait pas parler avec le responsable des secousses.

Bouchez veut que chaque membre de son équipe sache exactement ce qu’il doit faire, comme dans une équipe de Formule 1, son sport préféré. Cette équipe rapprochée est composée du chef de cabinet et ancien patron de Dexia Axel Miller, de la Secrétaire Générale Valentine Delwart, de l’avocat Jolan Vereecke et de ses porte-paroles John Hendrickx et Salma Haouach. Cette dernière est la sœur d’Ihsane Haouach, la femme voilée qui a été l’éphémère présidente du Centre pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Cela n’a pas empêché M. Bouchez de lancer un combat pour la neutralité de l’État après la nomination de Mme. Haouach par Ecolo.

“Ma vie entière a été consacrée à la politique. Je vis dans un petit appartement à Mons, rempli de posters et de modèles de voitures de Formule 1. Je n’ai pas à penser à ma vie de famille, au prochain dîner ou au prochain voyage : tout se passe bien et tout se fait à la dernière minute. Donc tout l’espace de ma capacité cérébrale peut être consacré à la politique. Les gens pensent que je suis impulsif et que je fais n’importe quoi, mais ce n’est pas le cas. Je réfléchis toute la journée. La politique n’est pas si difficile, d’ailleurs : il s’agit d’une quinzaine de sujets tout au plus, qui reviennent constamment. Pas besoin d’être capable de construire une fusée.”

Nous demandons à Bouchez d’où lui vient cette envie de toujours naviguer à contre-courant. Parfois jusqu’à l’embarras, car lors du gouvernement Michel, c’est l’ancienne ministre MR Marghem qui a activement préparé la fois la sortie du nucléaire et les usines au gaz. J’ai toujours détesté “les idées convenues”, la pensée mainstream. Mon exemple est Nicolas Sarkozy. Il est parvenu à libérer les énergies pour les personnes qui veulent briser les codes mais qui n’osent pas le faire. J’espère pouvoir jouer ce rôle pour les jeunes également”.

“Vous savez, je n’ai jamais eu peur de ne pas réussir. J’ai un bon cerveau et je suis un travailleur. Je ne fais pas de la politique pour faire carrière, mais pour influencer les choses. Avec la sortie du nucléaire, je sais juste que nous faisons une grosse erreur pour le pays. Et ça me révolte.”

Les partenaires de la coalition ne sont pas du même avis sur cet enthousiasme pour les combats de fond. Ils voient surtout en Bouchez un opportuniste politique, qui crée son propre univers politique parallèle. Il veut atteindre 30 % d’ici 2024 afin de rendre le MR incontournable à tous les niveaux de pouvoir et, qui sait, peut-être même avoir une chance de devenir Premier Ministre. Les émissions de CO2 des centrales à gaz sont surtout le bâton parfait pour battre Ecolo, qui a arraché beaucoup de voix bruxelloises au MR en 2019. “Les Verts ne savent pas ce qui les attend si la sortie du nucléaire a lieu”, sourit un collègue de parti. Bouchez désignera la sortie du nucléaire comme responsable à chaque fois qu’une ampoule s’éteindra.

A son arrivée à Knokke, Bouchez s’arrête au café Put 19 dans le Zoute. Les garçons des Francs Borains devront attendre : le Président, un super-fan de Lewis Hamilton, veut regarder le dénouement de la saison de Formule 1 à la télévision. Bouchez, qui parle de pneus souples et de pneus durs comme s’il était lui-même un pilote de F1, est une attraction dans le café. Pendant la course, une douzaine de personnes s’approchent de lui. “N’abandonnez pas, avec ces centrales nucléaires”. Vous êtes un vrai libéral”. Nous serions ravis de vous voir à Knokke’. Si vous viviez en Flandre, vous auriez mon vote.”

Bouchez accepte les compliments avec humilité. Il conçoit que sa présence importante en Flandre et les compliments qu’il reçoit de l’électorat de droite en Flandre peuvent gêner aux entournures l’Open VLD qui, en tant que parti du Premier Ministre, doit constamment faire des compromis. Mais il apprécie l’attention. Bouchez veut montrer aux Flamands que l’opposition la plus importante dans ce pays n’est pas l’opposition communautaire, mais plutôt celle entre la gauche et la droite. “Les électeurs de la N-VA devraient certainement savoir que leur programme économique ne peut être réalisé qu’avec les libéraux, et non avec le PS.” Le fait qu’il semble faire équipe avec Bart De Wever (N-VA) dans son opposition à la sortie du nucléaire est une mauvaise nouvelle pour les libéraux flamands, où le Président Egbert Lachaert a de plus en plus de mal à continuer à défendre son ami Bouchez. Mais laisser tomber le MR n’est pas une option. Cela rendrait la base sur laquelle repose le poste d’Alexander De Croo trop fragile.

 

Toutes les cartes sur la table

Pendant ce temps, l’agitation règne à Abu Dhabi. Un accident ramène Max Verstappen d’une position lointaine dans le sillage de Lewis Hamilton, l’idole de Bouchez. Il fixe l’écran, la bouche ouverte. “Lewis ne change pas de pneus. Il joue franc jeu et donne tout. Je le reconnais”, dit-il en riant. Lorsque Verstappen prend la tête au dernier tour, Bouchez est sous le choc. Mais chapeau bas à Max : il n’a jamais laissé tomber.

En attendant, tout la rue de la Loi se pose la question : Quand Bouchez renoncera-t-il ? Car s’il ne parvient pas à convaincre ses partenaires de coalition de maintenir deux réacteurs ouverts plus longtemps, il ne restera plus qu’à accepter la sortie du nucléaire. Il a lui-même déclaré à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas faire tomber le gouvernement. Mais en attendant, il a laissé passer toutes les occasions de faire ce virage. Même une réunion au sommet entre libéraux dans le bureau du Premier Ministre mercredi dernier n’a rien donné. ‘Bouchez a y a défendu avec flamboyance et conviction ses arguments comme s’il était assis dans le studio de Terzake,’ dit une source.

Le Président du MR maintient que l’approvisionnement n’est pas garanti et qu’il reste une chance afin de prolonger le nucléaire. “Si tu n’abandonnes pas, il se passe toujours quelque chose en ta faveur. Ses yeux s’illuminent lorsque qu’il est porté à son attention que VTM News a diffusé une interview d’un ingénieur d’Engie qui affirme que les deux réacteurs les plus jeunes pourraient parfaitement rester ouverts plus longtemps. “Envoie ça aux journaux”, dit-il à son porte-parole. Bouchez voit deux options : soit il gagne, soit il se fait tordre le bras et personne ne pourra le montrer du doigt lorsque les lumières s’éteindront. Il envisage même de soumettre une autre proposition de loi à la Chambre des représentants. Pour bien montrer  qu’il était seul à porter ce combat au sein du gouvernement.

À son arrivée au Stade Lippens de Knokke, Bouchez est plongé dans un autre monde: celui des supporters de football du Borinage. Avec son costume cintré, il se distingue parmi la foule de bières, mais les supporters le saluent comme l’un des leurs. “Regarde par toi-même, ces personnes savent que je ne suis pas un fils-à-papa.”

 


De Tijd op stap met voorzitter Bouchez

 2 jaar voorzitter van de MR. Tijd dus voor een uitgebreid portret.

Afgelopen zondag volgde de krant De Tijd Georges-Louis Bouchez een hele dag. Van de televisiestudio’s van RTL ging het naar een gezellig eetcafé in Knokke, waar GLB de zenuwslopende F1-clash tussen Hamilton en Verstappen onderging.

Geen tijd om van de spectaculaire winst van Verstappen te bekomen. In het Leopold Lippens Park vuurde hij met de supporters voetbalclub Royal Francs Borains aan in de match tegen de kustploeg.

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