La ministre wallonne de l’environnement Céline Tellier (Ecolo) a répondu aux questions des parlementaires wallons réunis en commission de l’environnement ce mardi. Mais elle n’a pas éteint la polémique sur la pollution de l’eau potable en Wallonie. Le MR attend des éclaircissements.
Pour rappel, mercredi dernier, le magazine de la RTBF Investigation a révélé la présence de polluants dans l’eau potable de plusieurs communes en Wallonie. Dans le Hainaut, 12.000 habitants de quatre communes ont ainsi consommé de l’eau contaminée aux PFAS, des polluants dits éternels, pendant plus d’un an et demi. La ministre flamande de l’Environnement Zuhal Demir avait pourtant tiré la sonnette d’alarme auprès de son homologue wallonne. Des questions se posent également à Bruxelles, où le ministre Ecolo Alain Maron aurait été informé d’une situation similaire.
Mardi en commission de l’environnement, la ministre Céline Tellier a longuement détaillé le calendrier des différents épisodes et s’est défaussée sur l’Europe, trop lente selon elle à mettre en place une future norme d’exposition aux Pfas dans l’eau. Elle a répété qu’elle n’avait jamais reçu d’information sur des menaces imminentes pour la santé du public. Elle n’envisage pas non plus de démissionner et souhaite poursuivre le travail jusqu’au bout de la législature.
Le député MR Olivier Maroy qualifie l’affaire de « Watergate wallon ». Il épingle l’inefficacité du numéro d’appel mis à disposition de la population pour l’informer. « Tout le contraire l’indispensable communication qu’il faudrait », dit-il. Il déplore que les signaux d’alerte se soient succédé dans cette affaire : « des clignotants orange d’abord, rouge ensuite semblent avoir été ignorés. Des précautions, vous n’en avez pris aucune », reproche Olivier Maroy à la ministre en se demandant s’il y a un pilote dans l’avion. La députée Jacqueline Galant, qui est aussi bourgmestre de Jurbise, commune voisine de Chièvres, est intervenue au nom des bourgmestres inquiets par rapport à la gestion de cette crise. « Ne pas savoir, après une semaine, si vous pouvez boire l’eau du robinet, c’est insupportable », a-t-elle déclaré. « C’est aux bourgmestres d’appliquer eux-mêmes le principe de précaution, de scruter le site de la SWDE pour voir, rue par rue, les résultats des analyses, faute d’informations et de consignes officielles venant de la région », s’indigne-t-elle.
Entretemps, le MR a appris via la presse que la ministre s’était séparée d’un de ses collaborateurs. Il s’agit de l’expert « eaux » qui avait été alerté par la base militaire américaine de Chièvres de la pollution aux PFAS de l’eau de distribution dans la région. Comme le président Georges-Louis Bouchez l’explique sur X, c’est un peu court. « L’eau contient trop de PFAS à Chièvres, le cabinet de la ministre Ecolo est prévenu mais ne fait rien. Aujourd’hui, la réponse de la ministre est de lutter contre les PFAS au niveau européen et de licencier un collaborateur. Comment font donc les centaines de milliers d’autres communes en Europe ? Assumer ses responsabilités est compliqué pour certains… ».
Pour le MR, de nombreuses questions restent sans réponse et devront être éclaircies dans les prochaines jours.