Le Gouvernement wallon réforme le paysage des Centres de Recherche Agréés autour de la thématique des matériaux innovants et circulaires
Sur proposition du Ministre de l’Economie et de la Recherche, Willy BORSUS, et face au nombre conséquent de centres de recherche (19 à l’échelle de la Wallonie), le Gouvernement wallon a décidé d’entamer une réforme profonde du paysage des Centres de Recherche Agréés (CRA) wallons en concentrant ses efforts dans un premier temps sur la thématique des matériaux innovants et circulaires. Il valide à cet effet le lancement d’un appel à manifestation d’intérêts.
L’ambition de cette réforme est la rationalisation du paysage des centres de recherche par l’encouragement à la massification, au travers de la fusion et du regroupement de centres de recherche actifs dans une thématique similaire.
Pour Willy BORSUS : « Les centres de recherche agréés représentent une réelle plus-value pour le tissu socio-économique au vu de leurs nombreux atouts tels que leur proximité avec les entreprises et l’industrie, leur flexibilité, leur réactivité, leur offre de services en adéquation avec les besoins de l’industrie, leur implication forte dans les stratégies régionales… Ils couvrent les thématiques prioritaires de la Wallonie et disposent d’un réel savoir-faire. Il était indispensable d’améliorer la lisibilité de leur paysage aux niveaux national et européen pour davantage d’efficience et ainsi renforcer leur force de frappe ».
En effet, le fait que près de la moitié des CRA travaillent sur des thématiques proches, si pas similaires, aboutit à une dispersion des ressources (humaines, financières, infrastructures, équipements de pointe) induisant l’absence d’une réelle force de frappe.
S’ajoute à cela la volonté d’une plus forte présence wallonne dans les programmes-cadres de recherche et d’innovation européens.
Le paysage des Centres de Recherche Agréés en Wallonie
Les CRA wallons ont vocation à être des opérateurs d’excellence dans les domaines technologiques qu’ils couvrent, notamment grâce à leurs infrastructures et équipements de pointe ou leur intégration au sein de réseaux internationaux. Ils constituent un des maillons du redéploiement économique, d’innovation et de recherche en Wallonie grâce notamment à la dissémination et l’intégration des nouvelles technologies émergentes dans le tissu industriel (principalement PME) wallon.
Les 19 CRA que compte la Wallonie à ce jour sont classés en 3 catégories :
- Les centres « De Groote », issus d’initiatives industrielles sectorielles encadrées par l’arrêté-loi de 1947 dit « De Groote ». On en compte actuellement 7 en Wallonie, auxquels viennent s’ajouter 2 centres assimilés. Ils ont été créés afin de coordonner l’organisation et le progrès technique entre les entreprises industrielles du pays et les organes de recherche spécialisés. Il s’agit de centres de portée fédérale actifs dans les trois Régions.
- Les centres « Objectif 1 », plus généralement issus d’initiatives académiques. Leur création a été soutenue dans le cadre des programmations européennes FEDER. Ils sont actuellement au nombre de 6, tous actifs dans la province du Hainaut. Ces centres ont été créés afin de répondre au déficit important en recherche et développement que connaissait la province du Hainaut au moment de ces programmations.
- Les autres centres sont des initiatives portées par les forces vives locales. Ils sont actuellement au nombre de 4.
Les centres de recherche agréés peuvent bénéficier du soutien financier de la Wallonie sous la forme de subventions portant notamment sur leurs activités de recherche industrielle et de développement expérimental, sur l’engagement temporaire de personnel, sur l’acquisition d’infrastructures de recherche ou d’équipements de pointe ou encore sur leur participation à des partenariats européens et internationaux.
La réforme
L’ambition de la Wallonie est d’améliorer l’offre de services des centres de recherche wallons afin qu’ils puissent devenir de réels moteurs de l’innovation et de la recherche prospective en réponse aux besoins des entreprises et ce, dans une dynamique européenne.
Or, qui dit « Europe » dit « Compétition » et « Excellence » avec comme corollaire pour la Wallonie d’être en capacité de massifier les ressources et équipements de pointe dont elle dispose – ou devrait disposer – pour avoir des chances de capter un maximum de fonds européens.
Actuellement, aucun financement structurel ou dotation publique n’est octroyé par les pouvoirs publics aux centres de recherche agréés wallons. L’intervention régionale se concrétise uniquement via le financement ponctuel de projets de recherche relevant de l’Administration.
Cette situation dénote avec la politique mise en place au sein des pays ou régions voisins (Flandre, Pays-Bas, Allemagne, …) qui, en conformité avec la législation européenne sur les aides d’Etat, soutiennent leurs organismes de recherche via une dotation ou un financement structurel qui repose sur des indicateurs de performance garantissant l’excellence et la qualité de leurs services.
Il convient également de stimuler la participation des centres de recherche wallons aux programmes de recherche et d’innovation européens. A ce propos, la Stratégie de Politique internationale de la Wallonie met l’accent sur la nécessité d’anticiper la diminution des fonds structurels (FEDER, FSE) et d’intensifier l’intérêt de la Wallonie et de ses opérateurs pour tous les autres programmes de financement européens.
C’est sur cette base et avec cet objectif double d’impact économique et d’excellence que le Ministre de la Recherche et de l’Innovation, Willy BORSUS a, en 2021, chargé l’Administration de lancer un marché public afin de procéder d’une part à une analyse approfondie des centres de recherche agréés avec des recommandations d’actions à mener afin de rendre le paysage plus cohérent, efficace et visible ; et d’autre part à une analyse juridique en matière d’aides d’Etat.
Une des recommandations du consultant était d’inciter les CRA actifs dans des domaines clés de la Wallonie et disposant d’une certaine masse critique à collaborer entre eux afin de favoriser in fine un regroupement structurant sur une même thématique, voire une fusion des acteurs.
En favorisant le regroupement et en incitant à la fusion, la visibilité des centres de recherche aux niveaux national et européen ne peut que croître.
Cette réforme contribue ainsi au souhait de la Déclaration de Politique Régionale de favoriser l’émergence de centres d’innovation et de développement technologique concentrant les acteurs, efforts et financements de recherche et d’innovation pour atteindre une taille critique suffisante et jouer un rôle de leader au niveau européen et mondial.
Plus spécifiquement, la réforme prévoit la concrétisation de deux actions à court terme :
1/ La révision des critères d’agrément des centres de recherche agréés tenant compte des exigences de la Commission européenne en termes de taux de subvention à accorder afin d’en simplifier la lecture mais également de prévoir des critères « quantitatifs » assortis d’indicateurs de performance permettant la mise en place d’une réelle évaluation de la politique publique.
2/ Le lancement d’une opération de massification autour d’une thématique clé qui réponde aux objectifs de la Déclaration de Politique Régionale et aux besoins de l’industrie, à savoir la thématique des matériaux innovants et circulaires. Il s’agit d’une première étape majeure dans la refonte globale du paysage des centres de recherches actifs en wallonie.
En effet, en fonction de l’évaluation de cette première opération de massification, une modification structurelle des bases légales pourra être envisagée afin de prévoir la réplicabilité à d’autres thématiques. A noter que l’opération de massification envisagée n’a pas pour objectif de créer une nouvelle structure mais bien de mettre en place un mode opératoire qui permette de massifier les acteurs autour d’une thématique choisie.
En plus d’améliorer la présence des centres de recherche wallons à l’Europe et de créer un effet de levier économique d’ampleur, cette massification permet de créer (ou renforcer) un maillon manquant aux yeux de certaines entreprises qui, à côté de l’offre de services spécifiques proposée par les CRAS, ressentent le besoin de s’appuyer, pour leurs propres développements, sur des organismes présentant une expertise pointue dans des technologies génériques.
Appel à manifestation d’intérêt
Cette opération de massification se traduit par le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt, adressé aux centres de recherche agréés wallons actifs dans la thématique retenue. Celui-ci peut cependant être étendu à d’autres centres de recherche désireux de rejoindre la dynamique.
Une seule proposition sera sélectionnée à l’issue de la procédure d’évaluation gérée par le SPW Recherche. Le projet sélectionné par le Gouvernement wallon bénéficiera de moyens issus du Plan de Relance de la Wallonie pour un montant équivalent à 40.000.000 €.
L’appel à manifestation d’intérêt a été lancé ce 10 novembre 2023 et se clôture le 15 janvier 2024.
Pourquoi la thématique des matériaux innovants et circulaires ?
Le choix de cette thématique a été conduit par son potentiel de massification (nombreux CRA actifs et nombreux chercheurs/techniciens qualifiés dans la thématique) ; l’expertise acquise et le potentiel de développement et de par son intégration dans la stratégie de spécialisation intelligente de la Wallonie (S3) et plus particulièrement au niveau des DIS[1] 1 – « Matériaux circulaires » et DIS 3 – « Modes de conception et de production agiles et sûrs » …
Pour Willy BORSUS : « La Wallonie, au vu de l’expertise de ses chercheurs dans la thématique ciblée par cette première phase de massification, a tout en main pour se positionner aux niveaux national et européen comme acteur pertinent capable de fournir une offre technologique forte et innovante au profit du développement économique. Le soutien du Gouvernement wallon vise à établir un socle solide à cet effort de massification en lui octroyant les moyens nécessaires pour atteindre cette ambition. »
[1] Domaine d’innovation stratégique
