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Un Roi-soleil qui préfère jouer avec ses sept marionnettes de ministres plutôt que de former un vrai gouvernement ? Mais non ! Georges-Louis Bouchez (MR) affirme même qu’il a protégé les flamands d’un gouvernement de gauche et principalement francophone. « Je suis souvent d’accord avec les flamands. Ben Weyts comme ministre de l’Enseignement chez nous ? Immédiatement !

Vous vous êtes rendus impopulaire en Flandre en disant que vous vouliez seulement négocier en septembre.

« Quand je lis certains journaux flamands, il semble bien que je sois le politique francophone le plus détesté. Mais enfin ! Sur le processus de formation, j’ai dit la même chose que Bart De Wever. »

Ah bon ?

« Oui. Il a dit que vous devrions à nouveau négocier en juin afin d’avoir quelque chose entre les mains pour le mois de septembre. J’ai dit que nous entrerions dans une nouvelle phase en septembre, ce qui implique que nous devrons nous entendre à ce sujet préalablement. Mais j’ai toujours dit que je ne voulais pas négocier tant que la crise n’est pas sous contrôle. »

Personne ne peut prévoir quand celle-ci sera sous contrôle. De cette façon, vous pouvez encore continuer des années.

“Je ne dis pas ça. Mais les gens veulent des politiques qui gèrent la crise du coronavirus, pas des politiques qui se retirent dans une petite pièce pour en ressortir sans rien. J’ai été informateur. Je connais bien les relations. C’est pire maintenant que lorsque j’étais aux manettes. La Flandre n’entendra pas cela avec plaisir, mais pensez-vous vraiment que le PS aujourd’hui est plus proche d’un accord avec la N-VA ? Du reste, ce n’est quand même pas à Georges-Louis Bouchez de décider avec qui la N-VA et le PS parlent et quand, hein. »

Et pourtant, certains partis vous désignent comme un obstacle à la formation d’un gouvernement.

“Qu’ils me le démontrent.”

Personne ne vous fait encore confiance. C’est un gros problème pour vous.

« C’est peut-être plus facile de m’attaquer plutôt que de faire face à ses propres responsabilités. Pendant plus de huit mois, des personnes sérieuses et des grands noms, comme Didier Reynders, Koen Geens et Patrick Dewael ont essayé de former un gouvernement. Et maintenant je suis le gros problème ? Vous rigolez? Vous savez ce que j’ai par contre réellement fait? “

Ah, dites-le nous.

« J’ai empêché Paul Magnette de devenir formateur en mars. Pas parce que je voulais être le sauveur de la patrie et que je le refusais à mon opposant. Mais parce que je n’ai jamais cru que son parti pourrait permettre un gouvernement avec la N-VA. Il n’y serait pas parvenu et aurait encore forcé la Vivaldi (lire sans la N-VA). Le CD&V se serait retiré et il aurait mis sur pied un gouvernement francophone de gauche avec 84 sièges (lire MR, PS, Open VLD, sp.a., Groen, cdH et Défi), contre lequel en pleine crise du coronavirus, je n’aurais pas pu m’opposer en pleine crise du coronavirus. Cela, je ne voulais pas. »

Nous devons donc croire que vous avez sauvé la Flandre d’un gouvernement de gauche francophone ?

“J’ai préservé les chances de former un gouvernement avec une politique de centre-droit. Je comprends qu’il y a de la frustration au sujet de la configuration actuelle. Mais c’est mieux d’avoir un gouvernement avec le CD&V, le MR et l’Open VLD que d’avoir un gouvernement francophone de gauche. »

Surtout parce que vous avez maintenant sept ministres, bien joué.

(dur) “Ca dérange simplement tous ces présidents que mes ministres, qui soi-disant ne servent à rien, sont visibles alors qu’eux ne le sont pas. Je veux bien laisser tomber des ministres, mais alors un nombre équivalent de ministres flamands doivent partir en raison de la parité linguistique inscrite dans la Constitution. Je ne vois pas qui. Muylle ? De Crem ? Geens ? De Block ? De Croo ? De Backer ? Un politique flamand a bien suggéré un nom en mars, mais celui-ci se trouve maintenant en frontline. »

Philippe De Backer, donc.

(acquiesce) “Que tout le monde arrête donc de m’attaquer avec cela. »

Vous attaquez vous-même la presse flamande sur Twitter : « Vous aimez les petits jeux politiques et les rumeurs dans les journaux. Et bien, pas moi”.

“Seulement en néerlandais, hein. Certains commentateurs, comme Carl Devos, avec qui je n’ai d’ailleurs jamais parlé et qui écrivent tout et n’importe quoi. J’ai bien vu avec qui il conversait par message à la table des négociations. Cela me frappe aussi en Flandre. Quand tu n’attaques pas la N-VA comme Conner Rousseau et Joachim Coens, tu n’as pas de problème. Mais lorsque tu prends de la distance, tu es démoli, comme Gwendolyn Rutten. Aussi longtemps que je disais « N-VA, N-VA, N-VA », ils me trouvaient formidable en Flandre. Mais lorsqu’ils ont vu que je n’étais pas prêt à m’autodétruire pour la N-VA, ils ont dit que j’étais peu fiable. En Flandre, ils doivent vraiment comprendre qu’il ne s’agit pas d’être pour ou contre la N-VA. Je préfère la N-VA, et honnêtement: ce parti est celui qui se montre le plus constructif et correct avec les pouvoirs spéciaux. Mais: je ne vais pas me tuer pour elle. J’admets qu’au niveau de la perception en Flandre, il y a une lacune chez nous : je cherche depuis plusieurs mois un ou une porte-parole flamand. Mais Sophie Wilmès en a un et elle reçoit également beaucoup de critiques. »

Qu’avez-vous pensé de sa dernière conférence de presse ?

(long silence) « Oui, nous aurions certainement pu mieux gérer cela. Nous sommes également des humains et nous ferons encore des erreurs. Ah, il existe un pays où il n’existe pas de critique à l’encontre du gouvernement, c’est la Chine. Je comprends pourquoi. »

Ca avait déjà mal commencé lorsqu’un avis provisoire des experts sur la stratégie de déconfinement a atterri dans les journaux. Vous étiez le principal suspect.

(explose) “Trop fort ! Je n’ai même jamais eu ce rapport, je l’ai seulement lu avec David Clarinval (vice-premier ministre du MR). En ce qui me concerne, on peut faire le relevé des boites mails de chacun. Pas de problème ! Et on m’attribue cette fuite ? Lorsque des problèmes s’abattent sur le gouvernement, les problèmes surviennent également chez moi. Ce gouvernement c’est le MR et vice versa. »

On entend que vous n’appréciez pas énormément d’être dans l’ombre de Sophie Wilmès.

“Sophie et moi, on ne se dispute jamais, nous sommes une équipe. Si quelqu’un nous appelle, on s’appelle immédiatement l’un l’autre, de telle manière à ce qu’on ne puisse pas nous monter l’un contre l’autre. Mes opposants ont fait de moi une caricature, comme si j’étais narcissique et égocentrique, qui s’aime tellement qu’il n’a que des photos de lui à la maison. Regardez autour de vous, il n’y a aucune photo de moi. »

Peut-être bien des miroirs par contre ?

(rit) “Certains. J’admets que j’ai un style et une méthode très directs. Un peu bulldozer. Et je n’ai pas de complexe. Mais je regarde aussi les profils Instagram des autres présidents. Je ne pense pas que Conner Rousseau se regarde lui-même moins volontiers. »

Comment ça se passe avec votre néerlandais ?

“Je me rends compte que c’est mon point faible, je ne peux pas me défendre à la télévision ou à la radio flamande quand ça me concerne. Je connais par contre un certain nombre de petits trucs pour donner l’impression aux gens que je parle bien néerlandais (ris). Comme vos petites répliques marrantes « jamanee”, “sowieso” et “allez, ik bedoel maar ». Et « foert », j’ai appris aussi. »

Mais dire “foert” (ndlr. Au diable) à l’encontre des critiques flamandes, ça ne réussit pas.

“Vous ne pouvez pas voter pour moi et dans ma région (le Hainaut), c’est même un avantage lorsque les flamands vous attaquent. Mais je vois trop de points communs. J’ai une idéologie de centre-droit et je suis donc d’accord sur beaucoup de choses avec les flamands. Si je pouvais faire de Ben Weyts notre ministre de l’Enseignement ? Immédiatement hein ! Je n’ai rien contre Caroline Désir (Ministre francophone de l’Enseignement, PS) mais dans un monde idéal… Lorsque je vois vos infrastructures, la propreté de vos rues et le discours politique dominant ? Cela me parle. J’ai lu une fois que quelqu’un avait dit que j’aimais la Belgique parce que les flamands tiraient les décisions vers la droite. Mon amour de la Belgique va plus loin, mais c’est également vrai. C’est pourquoi ces critiques me touchent. Je vais l’avouer, je souhaite réellement être aimé en Flandre. »

Quelle déclaration d’amour!

“C’est sincère, mais je sais maintenant que ce passage sera partagé également par quelques analystes francophones pour me faire passer pour un traitre. Sowieso. (rit) »