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Le parcours personnalisé de l’étudiant mis en place par le décret Paysage était un cadeau empoisonné pour les étudiants, surtout les plus fragiles. La réforme portée par la Ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny et soutenue par le Ministre-Président Pierre-Yves Jeholet clarifie les notions de réussite/d’échec, aide l’étudiant à rester dans une trajectoire de réussite, rend plus de cohérence pédagogique au parcours individuel des étudiants et simplifie la charge administrative des établissements dans la gestion de ces parcours.

Le texte validé par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles le 2 septembre dernier permettra à l’enseignement supérieur de mieux accomplir sa mission sociale tout en préservant la qualité de ses formations.

Quel est le système actuel ?

L’intention du Ministre Jean-Claude Marcourt (PS) était de remplacer l’organisation académique par années d’études au profit d’un système d’accumulation de crédits. Les étudiants ont, en effet, la possibilité de choisir des parcours personnalisés, adaptés à leur rythme.

L’étudiant accumule ainsi des programmes annuels de 60 crédits jusqu’à obtenir 180 crédits pour un Bachelier et 120 pour un Master. Si le jeune a acquis 45 crédits en 1 ère année, il peut poursuivre son cursus par des crédits de la suite de son cursus. Ce qui aurait dû rester une aide pour quelques étudiants en difficulté est malheureusement devenu la norme, le nombre de jeunes ayant réussi les 60 premiers crédits en un an a chuté de manière très nette et les parcours « à la carte » se multiplient.

Assez rapidement, des effets pervers ont été constatés dans les établissements :

  • Sac à dos de crédits non réussis emmené par l’étudiant tout au long de son cursus ;
  • Allongement des études (et donc coût pour les étudiants et leurs familles) ;
  • Constats d’échec, réorientations et abandons plus tardifs… ;
  • Calcul très complexe du caractère finançable de l’étudiant par la FWB.

Cette fausse idée de réussite (45 crédits) conduit à des situations pratiques difficiles (conflits horaires, cours sur plusieurs campus, conflits horaires pour les examens, cohortes d’étudiants avec des acquis inégaux dans les auditoires, surcharge administrative, etc.).

De manière générale, la proportion d’étudiants diplômés en 5 ans est inférieure sous le régime « Paysage » à celle observée sous le régime « décret Bologne » instauré en 2004. La complexité du système dessert certains étudiants, qui traînent des sacs à dos de crédits non réussis durant des années et allongent la durée de leurs cursus. Ce parcours individualisé est devenu pour certains un filtre social. C’est le cas de certains étudiants précarisés, moins bien préparés à gérer ce système très complexe d’accumulation de crédits. A l’université, 14% des étudiants boursiers réalisent aujourd’hui leur bachelier en trois ans, contre 18% avant l’application du Décret Marcourt.

Quels sont les axes de la réforme envisagée par la Ministre Glatigny ?

La situation actuelle est dénoncée par tous les acteurs de terrain ; réformer le parcours étudiant est indispensable, pour remettre de la structure et de la clarté dans des parcours devenus illisibles pour tous : étudiants, familles, établissements.

Quelles sont les principales balises proposées :

  • L’étudiant reste inscrit en 1ère année tant qu’il n’en a pas obtenu 60 crédits – il a 2 ans pour y arriver ;
  • L’étudiant a 4 ans pour réussir 120 crédits, et 5 ans pour réussir son Bachelier (180 crédits) ;
  • En fin de Bachelier, s’il lui reste moins de 15 crédits à suivre, il peut déjà ajouter des cours de Master ;
  • Il a 4 ans pour réussir un Master de 120 crédits ;
  • L’étudiant qui se réoriente bénéficiera, au cours de chaque cycle (Bachelier ou Master) d’une année supplémentaire.

Il faut pouvoir identifier tôt dans le cursus de l’étudiant d’éventuelles lacunes et lui permettre de recevoir de l’aide. Celle-ci sera dirigée vers le 1er bloc de 60 crédits et, en priorité, vers les jeunes qui en ont le plus besoin. Les établissements devront dorénavant, avant le début de chaque année académique, établir un plan stratégique d’aide à la réussite listant les activités de remédiation qu’ils mettent en place.

Voici le nouveau schéma qui s’applique si l’étudiant n’obtient pas ses 60 crédits en 1ère année :

  • De 45 à 59 crédits : il peut compléter son programme de 1ère année par des crédits de la suite de son cursus.
  • De 30 à 44 crédits :il peut compléter son programme de 1ère année, par de la remédiation et/ou des crédits de la suite de son cursus, avec l’accord du jury.
  • Moins de 30 crédits : il inscrira à son programme annuel les crédits restants et de la remédiation. 

De plus, si l’étudiant n’a pas réussi en 1ère année au moins une « unité d’enseignement » (selon les cursus, cela représente soit un cours, soit un ensemble de cours), il devra se réorienter.

« Cette réforme pose un cadre clair et réintroduit des balises utiles pour l’étudiant. Avec l’obligation de réussir ses 60 premiers crédits en deux ans, l’étudiant reçoit ainsi un signal important dès le début de son cursus et sait qu’il disposera de bases solides pour la suite de son parcours. De la clarté est aussi apportée dans les conditions de finançabilité. Un étudiant disposera désormais de cinq années pour réussir son cursus, six en cas de réorientation.

Avec la Ministre Glatigny, notre volonté est que chaque étudiant s’inscrive dans une trajectoire de réussite et obtienne son diplôme. Et avec l’augmentation des moyens alloués à l’aide à la réussite, nous souhaitions montrer à chaque étudiant en difficulté qu’il ne sera pas laissé sur le bord du chemin.

Je suis sincèrement convaincu que nous avons corrigé le décret paysage au bénéfice des étudiants. » déclare le Ministre-Président Pierre-Yves Jeholet.

De son côté, la Ministre de l’Enseignement supérieur en Fédération Wallonie Bruxelles, Valérie Glatigny, déclare : « Le système actuel rallonge la durée des études sans pour autant augmenter le nombre de diplômés. De plus, il accentue les inégalités, puisqu’il est difficile, pour les étudiants provenant de familles moins aisées, de financer un nombre d’années plus élevé dans l’enseignement supérieur. Des changements étaient donc nécessaires.

Notre réforme restructure le parcours des étudiants et apporte le soutien nécessaire à ceux qui rencontreraient des difficultés, avec pour objectif de mener le plus grand nombre d’entre eux vers l’obtention d’un diplôme, dont on connait l’importance pour l’émancipation et l’insertion socioprofessionnelle ! »

La réforme envisagée entrera en vigueur à la rentrée académique 2022. Une évaluation du système mis en place aura lieu en 2026-2027.