Skip to main content

A l’occasion des Universités d’Eté du MR ce 9 septembre, le président du MR Georges-Louis Bouchez a évoqué l’actualité de la rentrée dans les pages de Sudpresse. Emploi et budget sont au cœur de ses préoccupations.

Pour le président du MR, le conclave budgétaire de cet automne est un moment-clé. « Le MR est le parti de la bonne gestion, on ne va pas accepter des dérives sur le plan budgétaire », explique-t-il à Sudpresse. « Il ne faut pas régler le problème par des impôts, mais par la réduction des dépenses et la réallocation de moyens, car il faudra faire certains efforts, par exemple en matière de police et de justice ». Mais pour le MR, pas question de remettre des moyens si on ne fait pas les réformes nécessaires pour qu’il y ait des décisions derrière des sanctions et une lutte efficace contre la criminalité.

Le MR ne remettra pas la réforme fiscale à l’ordre du jour dans le cadre de ce conclave. « Si on veut que nos concitoyens en sentent les effets, elle doit au moins représenter 8 à 10 milliards d’euros. Si vous faites moins, les gens risquent de ne rien voir. Si c’est pour dire aux gens qu’ils vont avoir 200€, mais qu’ils vont en dépenser 250, car le pain va coûter plus cher, comme les tickets de concert, les livres, les vacances, les gens vont dire qu’on peut garder les 200€. Taxer les riches ? L’augmentation de la taxe comptes-titres n’était même pas sur la table en juillet dernier. Il y a un autre truc qui commence à m’agacer et qui est très dans l’air du temps, c’est d’essayer de pénaliser certains choix. Si on peut trouver évident de soutenir un peu plus le train que l’avion, même si les gens qui prennent l’avion doivent pouvoir continuer à avoir le droit de le faire. Aujourd’hui, l’Etat veut déterminer ce qu’est une consommation vertueuse. En tant que libéral, ça me pose un problème ».

Le MR s’opposera à toute augmentation de la pression fiscale. « Il faut faire des réformes en matière de marché du travail et ça, c’est clair que ça rapporte de l’argent », développe Georges-Louis Bouchez. « Je ne crois pas que tout ce qui est dépensé aujourd’hui par l’État est indispensable. On a des déperditions de moyens importants. Un exemple : comparez le budget des frais de gestion des mutuelles avec le budget de la médecine générale. N’y a-t-il pas des mécanismes plus efficients que le système actuel avec les mutuelles? Je parlais de la Justice, mais les nouvelles technologies, par exemple, ont ouvert plein de possibilités qui pourraient alléger fortement le travail des greffes et faciliter l’accélération des procédures ». Georges-Louis Bouchez estime que notre politique sociale coûte très cher et n’est pas assez efficace car elle ne permet pas aux gens de sortir de leur condition et d’améliorer leur niveau de vie.

En matière d’emploi justement, Georges-Louis Bouchez ne peut accepter que la Wallonie compte 230.000 demandeurs d’emploi, dont la moitié au chômage depuis deux ans. « J’ai rencontré le directeur des TEC, il cherche 300 conducteurs de bus. Il paie le permis. La rémunération, si le candidat accepte de faire l’un ou l’autre dimanche et quelques soirées, peut atteindre 2 000 € net. Ce n’est pas un salaire infamant. C’est une boîte qui est très syndiquée, donc je pense que la protection des travailleurs y est quand même assez bien assurée. C’est un boulot de proximité. Qu’est-ce qui peut expliquer ce manque de candidats, si ce n’est le fait que les allocations sociales offrent un confort trop important ? ».

Georges-Louis Bouchez en a assez d’entendre que ses idées sont simplistes, populistes, voire d’extrême droite. « Ce que je sais, c’est que toutes les autres ont déjà été testées et elles ne marchent pas. Le chômage à vie, c’est tellement une bonne idée qu’il n’y a personne qui nous a copiés. Je ne vais même pas comparer avec la Flandre (dix points de différence). Le taux d’emploi en Wallonie est près de 20 % moins élevé qu’aux Pays-Bas, plus de 15 % inférieur aux taux allemand. Pourquoi les Allemands et les Hollandais sont plus motivés que les Wallons ? Encore une fois, c’est une question de mentalité, je pense qu’on a habitué les gens au phénomène de l’argent gratuit, on les a trop biberonnés aux aides. Les gens n’en sont pas responsables, mais l’argent n’est pas gratuit, il vient toujours d’une poche, celle de la classe moyenne. On peut m’expliquer tout ce qu’on veut, c’est toujours la classe moyenne qui paie, celle qui n’est pas assez pauvre pour avoir les aides, mais pas assez riche pour faire de l’évasion fiscale ».

Le président du MR dénonce aussi des dérives en matière de soins de santé, qui coûtent cher à l’Etat. « Il n’y a pas que les mutuelles, il y a des volumes d’examens qui posent question. Il y a le fait de ne pas recourir systématiquement à de la médecine générale, ce qui empêche de faire de la bonne prévention et amène tout le monde aux urgences ou dans les hôpitaux. Il y a une surconsommation de médicaments inexplicables par rapport au reste de l’Europe. Il y a un recours excessif, en particulier en Wallonie, aux arrêts maladie. Il y a là une différence terrible entre la Wallonie et la Flandre. Le temps de reconnaissance des nouveaux médicaments est beaucoup plus lent chez nous qu’ailleurs : a-t-on alors toujours le meilleur traitement ou le plus adéquat ? Ma volonté n’est certainement pas de moins financer la santé, mais que les gens en aient plus pour leur argent. Je pourrais aussi vous parler des hôpitaux. Pourquoi, à La Louvière, a-t-on deux hôpitaux, Tivoli et Jolimont ? Pourquoi ne fusionnent-ils pas ? Parce que la Mutualité socialiste ne veut pas, c’est un enjeu de pouvoir. La vérité, c’est qu’en cas de fusion, la Mutualité socialiste et le PS ne pourront plus avoir la mainmise sur Tivoli. La concurrence hospitalière dans des petites zones amène à une surconsommation (achat de matériel excessif…) ».

Le président du MR rappelle aussi dans cette interview son point de vue sur la dépénalisation du cannabis. « Je n’ai pas dit que je suis contre, mais ce n’est pas le moment d’envoyer un signal de laxisme et surtout pas la priorité. Ça ne va rien résoudre aujourd’hui. On doit au contraire avoir une ligne stricte, dure dans la lutte contre les drogues, contre les mafias, contre la consommation, y-compris la consommation récréative. Cette consommation récréative finance aussi le terrorisme et le grand banditisme. Ce phénomène a été trop banalisé ».

L’avenir du président du MR se jouera dans les prochaines semaines puisque son mandat touche à sa fin. C’est le Conseil du MR qui décidera de la suite. Georges-Louis Bouchez est en tout cas fier de son bilan. « Ça fait quatre ans que je travaille à positionner le Mouvement réformateur en vue des élections. Nous sommes bien positionnés sur tous les dossiers phares. Sur le nucléaire, je pense qu’on a obtenu la plus belle victoire du gouvernement. On a eu des événements qui n’étaient pas nécessairement attendus ou évidents, comme le remplacement de Sophie Wilmès et de Valérie Glatigny. Tout s’est à chaque fois bien passé. Et on a plus de membres aujourd’hui qu’au début de mon mandat ».

Enfin, Georges-Louis Bouchez évoque ses relations avec la N-VA, un parti avec lequel le MR a beaucoup de convergences sur le plan économique, mais pas sur le plan institutionnel. « Si on fait un gouvernement basé sur le socio-économique, sur les questions d’énergie, de sécurité, l’alliance la plus évidente, c’est une alliance suédoise entre la N-VA, le CD&V, l’Open VLD et le MR. Mais il y a le confédéralisme et là, c’est à lui de choisir. Il peut continuer à essayer de se battre pour le confédéralisme, mais je pense qu’il est assez intelligent pour se rendre compte que ça mène à l’impasse, même du côté flamand. Je trouve toujours très drôle que le PS qui se revendique régionaliste et qui ne veut pas du confédéralisme : jamais, disent-ils… Mais c’est quoi le régionalisme des socialistes qui le défendent si ça ne mène pas au confédéralisme ? », conclut-il.

Découvrez l’interview dans Sudpresse