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A l’occasion des Universités d’Eté du MR, Georges-Louis Bouchez a accordé une interview à l’Echo. Il y évoque ses grandes priorités de la rentrée : l’emploi, la sécurité et l’énergie. Tout en faisant le point sur les rapports de force en vue des prochaines élections.

Voici quelques extraits de l’interview publiée dans le journal l’Echo du 9 septembre.

Sur la question de la sécurité, notamment à la gare de Bruxelles-Midi : « J’y vois la combinaison d’un laxisme de gauche, qui voit tous les individus comme des victimes, d’une politique laxiste en matière de migration et d’un communautarisme entretenu par des associations préférant gérer la misère que la résoudre. La police travaille avec ses moyens, qui doivent être améliorés, mais elle parvient à procéder à des arrestations. Le problème, c’est le suivi administratif et judiciaire. On a des déperditions incroyables de moyens en matière de justice parce qu’on a des procédures et des techniques qui ne sont plus adaptées. Il est grand temps de tout remettre à plat, et il serait de bon ton que le MR puisse reprendre des matières régaliennes. La dernière fois qu’on a eu l’Intérieur, c’était à l’époque de la réforme des polices il y a 25 ans ».

Sur l’emploi : « Quand j’ai lu dans vos colonnes que le Forem ne forme qu’un chômeur sur trente à un métier en pénurie, je ne savais même pas quoi tweeter. Et quand on nous dit qu’environ 40% des demandeurs d’emploi ne sont pas récupérables, on nous explique en fait que des gens à qui on verse une allocation de chômage ne sont plus disponibles pour un emploi. Mais alors pourquoi on les maintient au chômage? Ça veut dire que l’activation n’a pas marché et qu’ils ont besoin d’un autre encadrement social. On pourrait envisager un transfert de moyens du Forem vers les CPAS ». Georges-Louis Bouchez plaide aussi pour la flexibilité au travail « La flexibilité, ça veut aussi dire quitter son emploi plus facilement et se reformer plus facilement. En tant que libéral, j’aime bien quand on est dans un rapport d’égal à égal. L’entreprise doit faire des efforts pour garder son personnel et celui-ci doit être séduisant pour que la boîte ait envie de le conserver, cela crée une saine émulation. Je suis favorable à une flexibilisation de tout le système. On pourrait avoir un droit au chômage en cas de démission après un certain nombre d’années par exemple, mais il faut aussi que les cotisations soient moins lourdes pour les entreprises. Je suis certain que si on flexibilise à la fois l’embauche et le licenciement, on aura une diminution du taux d’incapacité-invalidité. A ce sujet, Franck Vandenbroucke a osé reconnaître qu’il y avait un problème et tenté de trouver un chemin. Mais il reste un tabou, ce sont les certificats de complaisance. Il y a des abus qui arrangent parfois tant les employeurs que les employés. On doit se montrer plus volontariste face à cela. Et si je me permets d’être aussi dur en matière d’inactivité, c’est parce qu’il y a 200.000 jobs vacants dans notre pays. Avec le vieillissement de la population, le phénomène risque de s’intensifier ».

Sur l’immigration économique ou la régularisation des sans-papiers : « On ne le fera pas tant qu’on n’aura pas activé nos chômeurs. Si demain, on peut voter des lois de limitation des allocations de chômage dans le temps, des règles en matière d’activation réelle des demandeurs d’emploi, des règles d’activation au niveau du CPAS, alors on pourra faire de la migration économique. Quant à la régularisation des sans-papiers, elle porte en elle un problème principiel : ce sont des gens qui ont reçu des ordres de quitter le territoire et ne les ont pas exécutés. Les régulariser, c’est envoyer un mauvais signal ».

Sur le futur gouvernement fédéral : « Vous me demandez ce que je préfère entre une Fiat Panda et une Aston Martin Valkyrie? Bien sûr que je veux l’Aston Martin. Mon gouvernement idéal, c’est une suédoise. Après, une Fiat Panda, ça roule pas si mal et on peut éventuellement l’agrémenter en mettant un peu de clim’, le Bluetooth, voire un bon GPS. Si à un moment donné les maths nous imposent ça, on le fera. Mais la clé est dans les mains de Bart De Wever. Il a dit la semaine dernière que j’ai des idées intéressantes et que nous avons beaucoup de points communs. Nous en avons effectivement, mais nous avons aussi un point de divergence sur le communautaire. Cela dit, il y a quand même un domaine sur lequel on est prêt à avancer: la responsabilisation financière. Et si je ne me trompe pas, c’est un enjeu majeur pour le Mouvement flamand. Continuer à diviser les administrations, répartir des compétences et augmenter encore l’inefficacité par contre, je n’en ai pas envie ».

Sur les élections : « On a deux publics cibles: les classes populaires et ouvrières. Ce que j’ai essayé de faire depuis le début de mon mandat à la présidence, c’est d’instaurer une ligne de droite populaire. Vous avez deux conceptions des choses. Il y a celle qui veut que les gens sont des victimes, c’est plutôt la tendance de gauche. L’autre est celle des personnes qui veulent prendre leur vie en main, c’est la tendance libérale de droite. Notre mouvement n’est légitime, crédible et utile qu’avec le soutien des classes populaires. Ça ne sert à rien d’expliquer à des happy few les bienfaits de la mondialisation et du libéralisme car ils les vivent déjà au quotidien. Le défi, c’est de faire comprendre à des classes populaires comment elles s’inscrivent dans ce modèle et pourquoi il leur est favorable. Dans l’analyse des problèmes, on a pas mal de proximité avec le PTB, mais nous avons une divergence majeure sur les solutions. Je n’ai pas peur de dire qu’on est sur le même terrain de jeu aujourd’hui. Pour moi, le vrai clivage, il est entre le MR et le PTB. Ce dernier a pris le leadership moral, intellectuel et programmatique de la gauche. Les deux autres partis tentent de lui courir derrière. Le vrai débat que je dois mener, c’est donc un débat avec le PTB parce que ses idées contaminent les autres formations de gauche. Pourquoi devrais-je m’adresser à des copies? Il faut avoir un langage qui est assez clair, ce qui est le cas du MR. Notre réponse sur beaucoup de sujets peut tenir en deux phrases, c’était l’un de mes objectifs. Ça, c’est pour le style. Quant au fond: j’ai essayé de parler de ce que les gens vivent au quotidien. À Mons, j’ai cette vie et donc je ne dois pas me forcer. Quand je dis que je suis un prolétaire, je le suis vraiment car je suis quelqu’un qui n’a que son travail comme moyen de subsistance. Je reste convaincu que vous ne quittez jamais réellement culturellement votre milieu d’origine. La plupart de mon salaire, je le mets de côté parce que je suis toujours avec cette idée que je pourrais manquer d’argent demain. Je n’ai pas changé mes habitudes de vie en devenant président de parti. Je me dis toujours que ça s’arrêtera bien un jour et que derrière, je ne sais pas ce qu’il y aura. Quand je parle de prolétaire, c’est cette logique-là ».

Découvrez l’interview dans l’Echo