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David Weytsman, député bruxellois, plaide pour la création d’une task force pour lutter contre le narco-terrorisme.

Depuis plusieurs mois, des règlements de compte violents ont lieu à Bruxelles dans de nombreuses communes. Fusillades, meurtres, tentatives de meurtre… Au total, plus de 22 faits ont officiellement été rapportés par les autorités le 28 juin dernier, en moins d’un an. « C’est la face émergée de l’iceberg. Nous savons qu’il y a des faits qui ne sont pas rapportés et qui ne rentrent pas dans les statistiques » explique David Weytsman, député et chef de groupe MR à la Ville de Bruxelles.

Les autorités constatent plusieurs changements dans la manière d’envisager cette violence.

« Tout d’abord, on assiste à un déplacement et un accroissement des lieux de lutte pour le contrôle. Alors que les villes de Rotterdam et d’Anvers étaient clairement identifiées comme territoire à conquérir, aujourd’hui, Bruxelles fait aussi l’objet de convoitise. Et les acteurs de ce narcotrafic sont internationaux. Cela va de l’Amérique du Sud au Nord de l’Europe », précise David Weytsman. Un changement, de l’aveu même des autorités policières, renforcé par la mise hors d’état de nuire d’une organisation mafieuse en mars 2021 (114 perquisitions et 64 interpellations ont été menées sous la direction d’un juge d’instruction bruxellois). « La nature a horreur du vide. De nouveaux appétits se sont aiguisés, y compris venus de l’étranger. Il y a une lutte de territoire pour reprendre le business » explique David Weytsman.

On assiste également à de nouvelles formes de violences. A côté de la violence urbaine malheureusement fréquente dans toute grande ville (vol, viol, braquage, vol de voitures…), Bruxelles est en proie à de l’ultra-violence directement liée au trafic de stupéfiants. « Nous faisons face à une violence qui confine à la sauvagerie, à des criminels qui emploient des experts de haut vol pour blanchir des montants énormes dans des biens mobiliers, immobiliers, paradis fiscaux et cryptomonnaies » confirme Eric Jacobs, Directeur de la Police Fédérale Judiciaire de Bruxelles.

On assiste enfin à un changement important dans la manière d’opérer. La guerre qui était invisible se visibilise. Les narcotrafiquants n’ont plus aucune limite et osent faire la guerre en plein jour au cœur de la capitale de l’Europe afin de montrer leur pouvoir et leur détermination. « Nous découvrons un nouveau monde criminel sur tout le territoire bruxellois qui jusqu’ici avait réussi à rester en grande partie discret. Nous mettons à jour des réseaux de criminalité organisée qui ont à leur disposition des moyens financiers et matériels considérables » poursuit Eric Jacobs.

1 tonne de cocaïne produite chaque semaine à Bruxelles

Bruxelles est devenue une plaque tournante de la drogue, originaire principalement d’Amérique du Sud et de Colombie en particulier.  Il existe des dizaines de laboratoires où la cocaïne arrivée dans notre pays est reconditionnée. La police estime la production à une tonne de cocaïne par semaine à Bruxelles et en périphérie. Une drogue qui repart ensuite vers l’Italie, l’Allemagne, la Suède, l’Angleterre, la France, les Pays-Bas et le Portugal. La violence actuelle, ce narcoterrorisme, s’explique par les enjeux colossaux du trafic. Un autre chiffre : La saisie au port d’Anvers l’année dernière avait une valeur marchande de 13 milliards d’euros, soit deux fois le budget annuel de la Région bruxelloise (6 milliards). C’est 5 fois le budget de la Justice dans notre pays (2,5 milliards).

Une task force d’urgence

« Aujourd’hui, dans certains quartiers, Bruxelles est déjà devenu un petit Medellin avec ses caïds, ses règlements de compte hebdomadaires. Rudi Vervoort, le Ministre-président que j’interrogeais fin mai au Parlement sur cette question répond que ce n’est pas de ses compétences. Mais à quoi sert BPS (Bruxelles Prévention Sécurité) dont Rudy Vervoort a la charge ? », s’interroge David Weytsman. « Par ailleurs, gérer une région, c’est aussi être capable de fédérer. Nous exigeons du gouvernement bruxellois qu’il crée une task force avec les communes, les ministères de l’Intérieur et de la Justice pour coordonner la lutte contre le narco-terrorisme ». Il existe une forme d’aveuglement politique, déplore le député bruxellois. « Par exemple, pour contrer le phénomène, Ecolo a demandé à la Chambre de réfléchir à un renforcement de la prévention. La prévention, c’est une autre problématique, celle de la consommation. Ici, on parle de mafias qui font des milliards de chiffre d’affaires ». Certains commencent heureusement à prendre la mesure de ce qui se joue. C’est le cas de l’ancien ministre-président bruxellois Charles Picqué (PS) qui reconnaissait lui-même dans l’Echo fin juin qu’il était plus que temps que le monde politique comprenne l’enjeu de cette problématique.