Skip to main content

Dans le cadre d’un face-à-face très attendu, les présidents du MR et du PS ont débattu sur le plateau de Jeudi en Prime (RTBF). L’émission a démontré à quel point leurs projets politiques sont opposés, à quelques mois des élections générales de juin 2024.

Paul Magnette a régulièrement pratiqué la chaise vide ces derniers mois, mais il avait pour une fois répondu présent afin de débattre avec le président du MR Georges-Louis Bouchez, qui annonçait « un débat entre deux projets de société, celui de la réforme et de l’avenir et un autre du passé et de l’échec ».

Parmi les sujets évoqués, la guerre entre Israël et le Hamas, les leçons à tirer de l’attentat de Bruxelles du 16 octobre dernier, la réforme fiscale, la loi anti-casseurs refusée par la gauche… Les deux présidents ont démontré qu’ils étaient d’accord sur rien. Durant l’émission, Georges-Louis Bouchez a d’ailleurs clairement fait savoir sa préférence pour les futures coalitions. « Gouverner avec le PS est un scénario qui peut être possible les chiffres l’exigent. Je laisserai l’électeur décider. Mais je pense qu’il est plus sain d’avoir des gouvernements qui sont homogènes sur le plan philosophique pour éviter le blocage. Si on peut donc avoir un gouvernement le plus au centre-droit possible, cela sera mon premier choix ».

Sans surprise, Paul Magnette a reproché au MR de ne pas condamner les violations du droit international par Israël ou de ne pas exprimer d’empathie pour les victimes palestiniennes. Lors du dernier congrès du MR, Georges-Louis Bouchez a pourtant débuté son discours par un mot de solidarité à l’égard de l’ensemble des victimes civiles. « Nous avons toujours été équidistants et nous sommes la seule formation politique à ne pas avoir connu de dérapages », réplique Georges-Louis Bouchez. Le président du MR a rappelé les propos de l’ancien ministre PS André Flahaut et de l’actuel dirigeant de Solidaris Jean-Pascal Labille, qui a quand même associé la croix gammée à l’étoile de David. « De nombreux mandataires de gauche ont du mal à dire que le Hamas est un groupe terroriste. Nous sommes dans le camp de la paix et pour le respect des populations civiles palestiniennes et israéliennes », recadre Georges-Louis Bouchez. Le MR soutient un cessez-le-feu humanitaire. « C’est la position du gouvernement », précise-t-il. « Ce cessez-le-feu doit être concomitant à une libération des otages israéliens détenus par le Hamas. Si aujourd’hui vous demandez un cessez-le-feu pur et simple, avec qui allez-vous négocier la paix ? Le Hamas ? Est-ce que vous dites à l’Etat d’Israël qu’il doit vivre avec à sa frontière une organisation terroriste qui a émis comme principe le fait de le faire disparaître ? Israël a le droit de porter atteinte à une organisation terroriste ». Georges-Louis Bouchez rappelle également sa solidarité avec les victimes civiles palestiniennes. « Le PS croit que, parce qu’on est des libéraux, cela ne nous fait rien de voir des enfants mourir. La différence, c’est que nous, nous savons aussi qu’Israël a été attaqué, qu’il y a toujours des otages et surtout que le Hamas n’est pas un interlocuteur crédible. Je condamne toute violation du droit international, quelle que soit la partie qui le fait. S’il y a des violations du droit, Israël doit être sanctionné. Mais il faut aussi des sanctions envers le Hamas, saisir ses comptes bancaires, arrêter ses dirigeants, sanctionner les Etats qui les couvrent ».

Le débat revient ensuite sur l’attentat terroriste du 16 octobre, qui a coûté la vie à deux personnes. Pour le MR, cela démontre un manque de culture de la sécurité dans ce pays. « C’est un problème de réforme, plutôt qu’un problème de moyens », argumente Georges-Louis Bouchez. « Notre Etat est trop inefficace. Nous sommes un des pays dans le monde qui dépense le plus de moyens publics. 55% de notre PIB, c’est de la dépense publique. Pourtant quand vous demandez aux citoyens ce qu’ils pensent du fonctionnement de l’Etat, ils estiment que les routes sont en mauvaise en état, que l’école n’est pas performante, que la justice est lente ou encore que la police manque d’effectifs. Je me pose donc la question suivante : où part l’argent ? Il faut des réformes dans le fonctionnement de de la justice, mais aussi dans les lois et dans l’application des ordres de quitter le territoire pour les personnes en situation illégale ». Le MR accuse par ailleurs le PS et Ecolo de bloquer tout durcissement du droit pénal. « Le droit fiscal est plus dur pour les contribuables que le droit pénal pour les délinquants. Mais en politique dès qu’on a un problème, on préfère ajouter de l’argent et on estime que ça ira mieux. Les vrais problèmes on doit les regarder en face. Nous avons agi. Et si nous avions appliqué certaines mesures voulues par le gouvernement Michel mais bloquées par la gauche, on aurait pu éviter des problèmes ».

Les deux présidents se sont également affrontés sur la réforme fiscale qui n’a pas abouti l’été dernier. Georges-Louis Bouchez explique que cette réforme était un transfert fiscal, plutôt qu’une réduction d’impôts. «  Il y avait un transfert fiscal vers les PME, vers la consommation. On donnait un peu dans la poche gauche pour tout reprendre dans la poche droite et ça, on ne le veut pas. Pour financer une baisse d’impôts, il faut que plus de gens travaillent. Mais qui bloque toutes les réformes en matière d’emploi dans ce gouvernement ? C’est Monsieur Magnette. Il ne veut pas activer les chômeurs parce qu’il veut préserver son électorat ».

Enfin, concernant la loi anti-casseurs, Georges-Louis Bouchez reste choqué que le PS ait mangé sa parole. « Le PS a approuvé le texte en commission », rappelle-t-il. « Ce qui explique le changement d’avis du PS, c’est Thierry Bodson, c’est le patron de la FGTB qui siège dans votre bureau de parti, et qui a mis une pression terrible pour le faire changer d’avis. Les revirements du PS, on les connaît. Je peux faire des accords avec tout le monde. Mais avec Monsieur Magnette, c’est compliqué, car il change d’avis du matin au soir. Les gens veulent des responsables politiques qui ont une colonne vertébrale », conclut-il.

Revoir l’émission Jeudi en prime