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Le député fédéral Michel De Maegd organisait, ce jeudi 24 juin, une conférence de presse sur le thème de l’adoption illégale en Belgique. Véritable drame humain, ce fléau touche, à travers le monde, des milliers d’enfants qui se sont retrouvés pris au piège d’un trafic à peine imaginable. Peu à peu, dans de nombreux pays, les langues se délient et les yeux s’ouvrent sur cette réalité.
Des enfants volés à leurs parents, à la naissance ou plus tard, parfois déclarés morts, puis séquestrés avant d’être vendus, soit directement à des parents, soit, le plus souvent à des organismes d’adoptions à l’international.

La Belgique n’a pas été épargnée par ce phénomène. Des centaines d’enfants ont subi ce traitement, depuis la fin des années 1950 et jusqu’à ce jour. Parmi les pays d’origine les plus touchés, on retrouve notamment le Guatemala, le Sri Lanka, le Chili ou encore l’Inde.

Coline Fanon a été volée à ses parents au Guatemala pour partir dans une filière d’adoption illégale. Séparée quelques heures après sa naissance de sa mère, à qui on annonce son décès, elle passe plusieurs mois attachée à un lit avant de débarquer en Belgique. Ses parents adoptifs ignorent tout des conditions de sa venue lorsqu’ils l’accueillent dans leur famille. Coline Fanon n’apprendra la vérité qu’une trentaine d’années plus tard. Elle fondera ensuite l’association Racines Perdues, qui a depuis permis à une vingtaine d’autres adoptés guatémaltèques de retrouver leurs parents biologiques. « Le combat que nous menons est aussi celui de la reconnaissance de notre statut de victimes. C’est le cas aux Pays-Bas ou en Suisse, mais pas encore en France où en Belgique. Tous mes papiers ont été falsifiés, mes parents adoptifs, comme biologiques, n’étaient au courant de rien, » expose Coline Fanon.

Pour Philippe Mignon, du Collectif empreintes vivantes et enlevé du Sri Lanka à l’âge de 4 mois, une reconnaissance officielle est une étape essentielle dans le cheminement psychologique qu’est la recherche de son identité. « Les racines, les origines sont extrêmement importantes dans la construction d’une personne. Tous les enfants adoptés dans des conditions obscures ne réagissent peut-être pas de la même manière lorsqu’ils l’apprennent, mais tous sont en questionnement sur leur passé, leurs parents biologiques, leurs familles. Il faut pouvoir faire toute la lumière sur ces filières illégales pour permettre d’aider le plus d’enfants adoptés possibles. »

Pour le député fédéral Michel De Maegd, il dès lors est primordial que notre pays reconnaisse, à l’instar d’autres, l’existence de ces adoptions illégales. « Il y a trois victimes dans ces drames. L’enfant, arraché et bien souvent déclaré mort, la famille biologique, qui est dans l’ignorance, le deuil ou la tromperie et la famille adoptive, qui ignore totalement le jeu abominable qui se joue en coulisse. C’est dans cette optique, que j’ai déposé une proposition de résolution qui visant à reconnaître la survenance d’adoptions illégales en Belgique, afin de conférer aux personnes concernées le statut de victimes et enjoindre la Belgique entamer une enquête sur le sujet. Des enquêtes judicaires existent déjà sur des cas personnels ou des filières existantes encore actuellement, mais une action plus large, globale, doit s’opérer, en coopération avec les autorités fédérées, » conclut le député.

Le texte sera prochainement débattu en Commission de La Chambre.