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Cette semaine, nous avons rendez-vous avec le plus jeune bourgmestre du Brabant wallon, Julien Breuer.

Elu mayeur de Mont-Saint-Guibert en 2018 à l’âge de 33 ans, il jongle avec son statut de chef d’entreprise et dote sa petite commune de 8400 habitants de projets innovants.

 

 

 

Tu es devenu bourgmestre en 2018 en réalisant un superbe score personnel malgré ton jeune âge. Certains ont pu dire à l’époque que c’était aussi grâce à l’expérience de ton papa, qui a été bourgmestre de 1998 à 2010. Cinq ans plus tard, quel regard portes-tu sur cette expérience et sur la façon de mener la commune ?

Les crises successives que nous avons vécues, le Covid, les inondations, les conséquences de la guerre en Ukraine,.. tant d’événements imprévisibles qui ont rendu cette législature hors norme. Ces presque 5 années m’ont vraiment permis de découvrir et de vivre les multiples facettes du rôle de bourgmestre. Et au vu du contexte, je suis plutôt fier du bilan de l’action de notre majorité qui a la chance de gérer une commune en plein développement. Je suis satisfait d’avoir pu donner l’impulsion nécessaire à la réalisation de projets attendus par les habitants. J’appréhende cependant le devenir des petites communes et administrations face à la complexité administrative croissante.

Mont-Saint-Guibert est un village dans lequel on a beaucoup construit ses dernières années. Comment rassurer les anciens habitants tout en garantissant un cadre de vie agréable pour chacune et chacun ?

L’importante croissance démographique guibertine (+1400 habitants en 10ans) est intrinsèquement liée à notre passé industriel ainsi qu’à notre localisation géographique stratégique. La reconversion des friches et la densification du centre bourg (semi-urbain) représentent une opportunité de développement et non une menace tant que les objectifs poursuivis se concrétisent par une plus-value pour la population (retour des commerces de proximité, développement des transports en commun et des infrastructures cyclables, augmentation de places en crèche,…). Le maintien de la ruralité dans la périphérie du village reste selon moi, le gage principal d’adhésion des plus nostalgiques à cette évolution du centre et cette reconversion des chancres.

Une pépinière d’entreprises dédiées à l’agroalimentaire durable a vu le jour en collaboration avec l’intercommunale In BW. Peux-tu nous en dire plus ?

InBW, la Province du BW et la commune ont imaginé dès 2020, un projet de reconversion d’une ancienne ferme en un lieu dédié à l’artisanat et à la relocalisation de la production alimentaire. C’est InBW qui a fait murir le projet en y imaginant une sorte de couveuse d’entreprises agricoles et alimentaires. Ce projet permet a de jeunes entrepreneurs d’avoir accès à la terre ou à des bâtiments, d’y développer un concept alimentaire et de le faire évoluer. Aujourd’hui, une brasserie locale s’y est implantée et d’autres artisans sont en passe d’y démarrer leur activité.  D’ici 2026, cette ferme “nouvelle génération” sera en pleine activité.

Comment jongles-tu ton mandat de bourgmestre, ton rôle de père de famille et d’entrepreneur ? Tu parlais d’adapter solidement ton agenda, cela a-t-il pu se faire ?

Cet équilibre est fragile et complexe. Le covid a fortement ralenti le développement de ma société pendant 3 ans mais ma fonction de bourgmestre me demande de plus en plus de temps. Bourgmestre c’est 7jrs/7 et 24h/24, la semaine, les week-ends et les jours fériés, ce qui ne facilite pas toujours un bon équilibre avec la vie de famille. Ce que je sous-estimais en 2018, c’est que ce n’est pas la gestion de l’agenda qui est le problème mais la gestion de tout ce qui s’y invite en permanence sans prévenir.

Enfin, on parle beaucoup du blues des élus. Tu as été échevin, puis bourgmestre. Quel regard portes-tu sur cette fonction exigeante ?

J’ai voulu être tête d’une liste, je me suis présenté comme candidat bourgmestre, j’ai été élu et donc je l’assume complètement aujourd’hui. La fonction est exigeante physiquement et surtout moralement, ce n’est pas vraiment une surprise. Les citoyens se tournent rarement vers vous pour vous remercier, il faut être capable d’entendre ce qui va moins bien sans entendre ce qui va bien. C’est effectivement ingrat.. et les réseaux sociaux rendent la tâche encore plus complexe car ce qu’on n’entendait pas se dire avant, s’écrit et se propage publiquement aujourd’hui. Il faut savoir encaisser pour assumer cette fonction, c’est malheureusement un prérequis !