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Ce samedi, nous vous emmenons à Lasne. Cette petite commune du Brabant wallon est nichée au cœur de la nature et elle souhaite, avec l’aide de ses habitants, préserver au maximum son environnement. C’est d’ailleurs une des nombreuses responsabilités de notre jeune échevin, Cédric Gillis, avec lequel nous allons faire plus ample connaissance. 

 En 2012, tu es élu échevin avec 471 voix, alors que tu occupais une place très peu envieuse sur la liste. Tu es à l’époque le plus jeune échevin en fonction du Brabant wallon. Aujourd’hui, avec le recul de 2 mandatures et l’expérience acquise, comment décrirais-tu l’élu local que tu es devenu ? 

A 21 ans, j’ai effectivement eu l’honneur de faire mon entrée au sein du collège communal. A cet âge-là, la fougue et l’insouciance de la jeunesse peuvent apporter des choses positives dans la réalisation de certains projets. Néanmoins, cela ne remplacera jamais l’expérience que l’on acquiert au fil des ans. Cette expérience m’a permis d’avoir, par exemple, une assise locale plus importante, une meilleure vision des tenants et aboutissants de différents dossiers, une faculté à devenir patient et à éviter certaines erreurs dans l’exercice de mon mandat, une compréhension de l’importance du rôle d’un mandataire local dans sa commune, etc. Je pense qu’elle a fait de moi un élu local plus pragmatique également. Le mandat d’échevin m’a donc fait évoluer considérablement et positivement. Par contre, mes valeurs n’ont pas changé. Je suis quelqu’un de loyal, respectueux et plutôt discret. Cela m’a permis de m’asseoir à la table du collège sans vouloir tout retourner et changer. Bien sûr, il faut pouvoir parfois s’imposer quand tu es convaincu du bien-fondé du dossier ou de la position que tu défends. Tout est toujours plus simple lorsque c’est fait avec bienveillance et dans le souci du bien commun.

Parmi tes priorités, il y a le monde agricole qui est encore fort représenté à Lasne.  Il subsiste encore des fermes et surtout de larges terrains cultivables. Comment, en 2023, concilie-t-on la semi-ruralité avec le développement urbain inévitable ? 

Près de 50% de notre territoire communal est composé de zones agricoles. Cela représente près de 2.500 hectares, ce qui est énorme pour une commune qui se situe à 20 minutes de Bruxelles. La question du bien-vivre ensemble se pose inévitablement pour des communes comme la nôtre. Il y a régulièrement des petites tensions qui se créent entre riverains et agriculteurs par rapport à l’exercice même du métier de ces derniers (travail le dimanche, épandage de fumier, pulvérisation, etc.). Je trouve cela regrettable car la présence de ces zones agricoles, cultivées et donc entretenues par les exploitants agricoles, garantit le fait que notre commune reste un poumon vert où il fait bon vivre. Un jour, dans le bulletin trimestriel communal, j’avais fait un article sur cet aspect positif de la présence de l’agriculture à Lasne. En retour, j’ai reçu une lettre anonyme me disant qu’il était honteux de mettre en avant des personnes qui empoisonnent la nature… Fort heureusement, nous tombons rarement dans ces extrêmes et un simple dialogue peut s’avérer très efficace. Je considère qu’être échevin de l’agriculture doit s’accompagner d’un travail essentiel de médiation et de pédagogie. Bien évidemment, nous ne devons pas dépasser nos responsabilités, nous ne sommes pas juges de Paix… Cependant, cette médiation peut amener à dédramatiser certaines situations qui pourraient dégénérer et être portées devant les tribunaux. En expliquant simplement à certains riverains le côté inévitable de certaines pratiques culturales ainsi que les obligations inhérentes au secteur agricole, le ressenti négatif s’évapore généralement au profit de la compréhension. Je connais également beaucoup d’agriculteurs qui consentent à faire de réels efforts afin de limiter les nuisances pour les riverains. Avant la fin de cette législature, nous comptons rédiger et partager une charte de la ruralité afin d’identifier tous les éléments ruraux de notre territoire qui rendent notre commune si agréable à vivre

Les habitants de Lasne sont énormément sensibilisés à l’environnement et sa préservation. Lasne était d’ailleurs une des premières communes à se doter d’un échevinat de l’environnement chargé d’éviter la dégradation des espaces naturels. Quels sont aujourd’hui les résultats de cette politique et les projets à venir ?

Je pense que je peux dire que les habitants de notre commune sont exigeants. Et ce n’est en rien péjoratif… Ils attendent légitimement des résultats positifs aux politiques menées. Cette exigence est également valable pour la politique de l’environnement. Nous avons un habitat peu dense qui assure la présence de nombreux espaces verts chez les particuliers. Les libéraux à Lasne ont, depuis plusieurs dizaines d’années, toujours défendu cette vision de l’aménagement du territoire. Je sais que les questions de l’occupation du sol et de la densité font débat mais force est de constater que notre commune est particulièrement prisée. De très nombreux Bruxellois viennent chercher à Lasne ce qu’ils n’ont pas à Bruxelles au niveau environnemental. Le seul bémol est que l’attractivité de notre commune et de son environnement fait en sorte que cela devient impayable pour les jeunes ou les ménages avec moins de moyens. Mais c’est un autre débat (qui n’en est pas moins important)… En 2019, nous avons rejoint la convention des Maires et avons un Plan climat depuis 1 an et demi avec près de 50 mesures à mettre en œuvre afin d’atteindre nos objectifs de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030. Ces actions concernent le logement des particuliers avec une incitation à la rénovation, la mobilité, la rénovation de notre bâti communal, l’agriculture, etc. Nous avons un comité de pilotage très dynamique qui est composé de Lasnois et Lasnoises motivés à proposer de nouvelles mesures à mettre en place. 

Depuis ce 1er janvier, une nouvelle organisation du ramassage des déchets est mise en place à Lasne comme dans d’autres communes voisines. Cette adaptation fait suite à l’explosion des coûts liés à ces services mais elle répond également à une volonté d’inciter les habitants à mieux trier leurs déchets. Votre expérience pourrait susciter d’autres communes à se lancer, peux-tu dès lors nous en parler ?

Lorsqu’on est mandataire politique, on sait qu’il y a certains sujets qui déchainent les passions… Le ramassage des poubelles fait partie de celles-ci ! Comme pour toutes les autres communes wallonnes, Lasne doit se conformer au coût vérité régional qui impose que le ratio entre les recettes et dépenses relatives aux déchets se situe entre 95 et 110%. Les dépenses augmentant de façon importante ces dernières années, les communes sont donc obligées d’augmenter les recettes. Ces dernières sont perçues de deux manières différentes : la taxe communale déchets et la délivrance des sacs poubelles (pour les communes qui ne fonctionnent pas avec des poubelles à puce).

Afin de maitriser l’augmentation des coûts, nous avons décidé d’opter pour une option de ramassage plus intéressante économiquement et plus vertueuse au niveau du tri des déchets. Ainsi, depuis le 1er janvier 2023, le collecteur ne ramasse plus qu’une fois toutes les 2 semaines les déchets ménagers (en lieu et place d’une fois par semaine précédemment). Les déchets organiques, quant à eux, sont encore ramassés chaque semaine. Concrètement, ce nouveau système de collecte nous coûte 330.000 € par an contre 200.000 € dans le précédent marché. Si nous étions restés dans le même système que précédemment, la note serait montée à près de 415.000 € par an…

Cette nouvelle façon de collecter les sacs avait déjà été testée dans certaines communes couvertes par l’intercommunale HYGEA. Les résultats sont excellents, avec une baisse impressionnante de la quantité des déchets ménagers et une hausse spectaculaire des déchets organiques. C’est notre objectif également à Lasne. L’année dernière nous étions à une moyenne de 135 kilos de déchets ménagers par an et par habitant et de 3 kilos de déchets organiques par an et par habitant. Nous souhaitons, à court terme, arriver à une moyenne respectivement de 90 kilos de déchets ménagers et de 25 kilos de déchets organiques. Pour arriver à ces résultats, il n’y a pas de secret… Les efforts de tri doivent se renforcer et nous sommes certains qu’avec ce décalage au niveau des deux fractions collectées, les citoyens trieront leurs déchets de façon plus naturelle. De plus, à moyen terme et grâce à la diminution du nombre de déchets ménagers à incinérer, nous pouvons nous attendre à une baisse des coûts de traitement, surtout si l’usine de biométhanisation désirée par l’INBW voit le jour à Virginal, ce qui nous évitera de payer des frais de transport relatifs à l’envoi de nos déchets organiques du côté de Liège.