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A l’occasion de la rentrée politique, « Le Soir » a réuni les présidents des partis francophones pour un débat. A part le président du PS Paul Magnette, tous ont accepté l’invitation.

Dans le cadre de ce débat, il a principalement été question de démocratie et de renouveau politique. Voici les principales déclarations du président du MR Georges-Louis Bouchez dans ce cadre.

Le système politique actuel arrive-t-il à son terme ?

« Pour moi, on est à la fin d’un cycle où on considérait que demain serait meilleur qu’aujourd’hui. Il n’y a pas nécessairement plus d’antipolitisme qu’avant, mais il est plus difficile de faire de la politique aujourd’hui que lors des septante dernières années. Parce qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on était d’accord sur un cadre de société, les défis étaient connus et on évoluait dans ce cadre. Aujourd’hui, il a explosé ».

Le MR propose des réformes pour mieux faire correspondre la démocratie aux aspirations et aux critères de la société moderne. « On peut par exemple aller vers une élection plus personnelle, comme en France, via la suppression de l’effet dévolutif de la case de tête, des suppléances, une élection directe des chefs de gouvernement. Mais si on fait tout cela et que l’on se retrouve avec des politiques qui semblent ne pas maîtriser l’enjeu du climat, de la mondialisation qui s’amplifie encore, les questions de justice fiscale et sociale, on ratera l’objectif. Il faut un projet politique qui permette de rendre des balises et de faire des choix ».

Georges-Louis Bouchez propose plusieurs changements concrets : des formats de débats médiatiques plus longs, pour pouvoir expliquer les enjeux et les projets de société, mais aussi une évaluation des politiques publiques. « Ma plus grande frustration en politique, c’est que les gens ont une perception de nous sur des éléments qui ne sont pas objectivés. Je suis président d’un club de foot, mais à la fin de l’année, les choix que j’ai posés se caractérisent par un classement, des points, qui permettent de dire si j’ai bien travaillé. En politique, c’est totalement impossible, les outils n’existent pas. Il faut que quand un politique dépense de l’argent il fixe des objectifs qui puissent être évalués. Qu’il soit auditionné pour savoir comment les objectifs ont été atteints, ou pourquoi les objectifs n’ont pas été atteints ».

Les extrêmes sont-ils dangereux ?

Le MR est le seul parti à mettre sur le même pied l’extrême-gauche et l’extrême-droite. Les extrêmes menacent notre démocratie.

Georges-Louis Bouchez pointe notamment le populisme du PTB. « Monsieur Hedebouw n’arrête pas d’insister sur le nombre d’ouvriers au Parlement. Pouvez-vous me citer le nombre de chefs d’entreprise au Parlement ? Quant à inviter le PTB à parler du populisme et du radicalisme, c’est inviter Lance Armstrong pour parler de la lutte contre l’EPO ! Car dire que l’extrême gauche et l’extrême droite, ce n’est pas la même chose, je suis peut-être le seul à penser ça, mais c’est un scandale profond. Les extrêmes s’attaquent à certains principes de la démocratie libérale. Ceux qui entravent l’égalité, c’est l’extrême droite, c’est le racisme. Mais en quoi, pour un libéral, le principe d’égalité serait plus important que le droit à la propriété, que la liberté religieuse, que la liberté de parole ? Pour nous, un parti extrémiste est un parti qui s’attaque à un ou plusieurs des principes de la démocratie libérale. Si vous attaquez un de ces principes, vous vous mettez hors du jeu démocratique ».

Georges-Louis Bouchez reste cependant dubitatif quant à la mise en place d’un cordon sanitaire médiatique autour de partis qui ont déjà des députés. « Quand des partis ont dix, quinze parlementaires, dire qu’on ne va pas leur parler alors qu’on passe son temps avec eux au Parlement, ça pose une vraie question philosophique. Et je trouve alors qu’on devrait appliquer le même cordon sanitaire politique à l’extrême gauche et à l’extrême droite en disant que jamais on ne gouvernera avec ces gens. Je regrette qu’Ecolo et PS n’aient pas cette clarté vis-à-vis du PTB ».

Faut-il encadrer l’usage des réseaux sociaux par les partis politiques ?

« Le Soir » pointe ici le PTB, très actif sur les réseaux sociaux. Sans partager le moins du monde leurs idées, le président du MR n’estime cependant pas qu’un encadrement renforcé est nécessaire. « Je ne vais pas me faire l’avocat du PTB, mais on lui fait un mauvais procès sur ce thème. Ça commence vraiment à me fatiguer. On leur reproche quoi ? Comme il n’avait pas nécessairement accès aux médias traditionnels par le passé, ils ont été les précurseurs sur l’usage d’un nouveau média, et ils ont bien utilisé le système. La logique selon laquelle les partis devraient être absents de nouveaux supports médiatiques est un peu absurde ».

Découvrez le débat des présidents dans le journal Le Soir