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S’il fallait lister les « bienfaits », les leçons apprises de la crise sanitaire qui débutait il y a 4 ans, à quoi penseriez-vous ?

A la Fédération Wallonie-Bruxelles, nous pourrions souligner la mise en lumière des enjeux de bien-être et de santé mentale.

Il y a 2 ans, fin janvier 2022, plus de 100 recommandations sur la santé mentale des jeunes y ont été adoptées à l’unanimité, au terme de 6 mois d’auditions. Où en sommes-nous aujourd’hui à ce sujet ?

La fin de la pandémie signifiait-elle la fin des enjeux de santé mentale ? Non, au contraire. Fabienne Glowacz, psychologue clinicienne et professeure en Faculté de Psychologie à l’ULiège, le précisait récemment : “on remarque une aggravation importante chez les jeunes qui présentaient déjà de l’anxiété ou d’autres vulnérabilités ». La crise sanitaire a eu l’effet d’une bombe à retardement.

Sur le terrain, les services de psychiatrie infanto-juvénile sont débordés, ainsi que les CPMS dans les écoles. 19% de la population souffre d’anxiété et 17% de dépression, selon les chiffres de Sciensano fin 2023. Et selon les analyses des Mutualités Libres, 1 belge sur 4 a consommé des psychotropes en 2022.

Les chiffres récents relatifs aux 12-18 ans sont plus inquiétants encore : pour Sciensano, “un enfant sur trois déclare souffrir de troubles anxieux ou de dépression. Un enfant sur dix déclare avoir déjà pensé au suicide.” Entre 2018 et 2022, on constate pour cette tranche d’âge une augmentation de 60 % de la prise d’antidépresseurs…

Facteurs de risque et déterminants de la santé mentale

Comment en est-on arrivé là ? Les experts soulignent des facteurs spécifiques à l’individu, ainsi que des facteurs collectifs, comme les crises ou les guerres. A ceux-ci viennent s’ajouter des éléments de fragilité, tels que l’exposition excessive aux écrans, l’hyperconnexion digitale, les réseaux sociaux ou le manque de sommeil. En quête de sens, nombre de jeunes peinent alors à trouver leur place dans la société et finissent par se réfugier dans une réalité virtuelle, comme en avaient témoigné lors de nos auditions les Services d’Accrochage Scolaire.

Consensus sur la prévention

Le Professeur Olivier Luminet (UCL) soulignait, à l’occasion de la projection du documentaire « Tout va s’arranger (ou pas) » au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la nécessité d’agir le plus en amont possible : « La priorité, c’est d’investir dans la prévention primaire, c’est-à-dire agir sur les jeunes ‘qui vont bien aujourd’hui’. Former par exemple les enseignants à détecter les signes de détresse. Et faire entrer dans l’école des professionnels de la santé mentale, qui peuvent aider à libérer la parole. ».

Une « cause nationale » pour le MR

Le 3 février 2021, soit il y a 3 ans jour pour jour, le MR annonçait vouloir faire de la santé mentale une « cause nationale ». L’action conjointe des différents niveaux de pouvoir est en effet indispensable. Nous pouvons nous réjouir des mesures prises récemment par les différents gouvernements. En voici quelques-unes, à titre d’exemples.

En avril 2023, le Parlement de la FWB a approuvé un décret relatif à l’amélioration du climat scolaire et à la prévention du (cyber)-harcèlement à l’école. Le volet de ce décret relatif à l’Observatoire du climat scolaire sera une première réponse à la nécessité de disposer d’un réel baromètre de la santé mentale des jeunes, reposant sur des indicateurs solides et monitorés régulièrement.

Par ailleurs, un plan de lutte contre l’absentéisme des élèves sera d’application dès la rentrée 2024 et poursuit l’objectif de réduire de moitié le taux de décrochage scolaire d’ici à 2030. Ce plan est décliné en trois axes : la prévention (individuelle et collective), l’intervention (par l’accompagnement systématique des élèves durablement absents) et la compensation (via le raccrochage scolaire pour les élèves en décrochage avéré).

Citons aussi les mesures du gouvernement fédéral concernant le Service citoyen. Les experts en santé mentale rappellent en effet souvent que l’engagement a une fonction protectrice. Plus l’adolescent est impliqué dans des projets sociétaux, moins il est donc tenté de s’orienter vers des comportements déviants. A cet égard, le gouvernement fédéral a décidé en octobre dernier un financement structurel et une reconnaissance institutionnelle du Service Citoyen. Un budget de 7.5 millions d’euros est prévu dès 2024 pour permettre à 893 jeunes d’effectuer chaque année un tel programme. Les jeunes pourront ainsi bénéficier d’un statut légal et d’une juste indemnité.

Rappelons aussi que l’esprit d’entreprendre peut être une manière pour la jeune génération de prendre sa vie en main et de concrétiser ses attentes. En 2023, le Ministre Borsus a renforcé le programme « Générations entreprenantes », mené avec Wallonie Entreprendre, dans le but de sensibiliser annuellement 100.000 jeunes, notamment via des actions en milieux scolaires.

Allons plus loin

La prise de conscience est là. Avons-nous toutefois pris les mesures nécessaires afin d’y répondre pleinement? Pas suffisamment, mais notre programme électoral confirme notre volonté d’aller bien plus loin.

Le chemin est encore long. Comme l’écrit le poète Rumi : “Dès que tu avances sur le chemin, le chemin apparait.” Comme une journée qui s’éclaire. Les jeunes ont un immense potentiel de résilience. Incluons-les à nos processus de décision : dans leurs besoins d’aujourd’hui, se trouvent de nombreuses réponses pour le monde de demain.

 

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