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Quand il avait annoncé vouloir débuter la tournée de conférences sur la neutralité de l’État et la lutte contre les discriminations par une soirée à Molenbeek, certains avaient pourtant tiré une drôle de tête.

Un débat sur la neutralité à Molenbeek, vraiment ? Oui, car organiser cette conférence à cet endroit, c’était peut-être le meilleur moyen de convaincre Georges-Louis Bouchez du bien-fondé de son projet. Parce que s’il y a bien un lieu où il faut aller à la rencontre des gens et les convaincre, c’est là.

Et le moins qu’on puisse dire est que la soirée du 8 décembre fut concluante. Pendant plus de trois heures, le président du MR et celui de l’antenne bruxelloise, David Leisterh, ont échangé avec le public, en toute décontraction. Sur la nécessaire impartialité des services publics, bien sûr, et son corollaire : l’apparence neutre de chacun de ceux qui l’incarnent. Parce que, comme le fera remarquer Georges-Louis Bouchez, refuser d’apparaître comme neutre dans l’exercice de ses fonctions est déjà un très mauvais signal quant à la disposition de l’agent à faire passer sa personne après sa fonction.

Mais la soirée ne s’est pas limitée à cela, loin s’en faut : on a parlé du rôle de l’école, qui doit être fondamentalement émancipatrice ; de celui des associations de terrain, dont certaines font un travail formidable, tandis que d’autres se bornent hélas à mettre à disposition des jeunes des tables de ping-pong et de baby-foot ; de la nécessité de stimuler l’esprit d’entreprise et l’audace d’aller frapper à des portes là où on ne nous attend pas, plutôt que de cultiver un entre-soi aussi rassurant que contre-productif ; de l’importance, en deux mots, de sortir du ghetto, de refuser toute assignation à résidence identitaire, de croire en soi, en sa valeur, en ses potentialités. Et des vertus d’une politique libérale d’indifférence aux différences qui ne disent rien de ce que nous sommes profondément. L’occasion pour Georges-Louis Bouchez de rappeler son intérêt pour le CV anonyme : car la rencontre permet de passer rapidement au-delà de ce qu’on voit au premier abord, et de découvrir la seule chose qui compte vraiment : les compétences.

Tout le contraire, en somme, de ce vers quoi nous tire le « wokisme » actuel, obsédé par l’identité et les rapports de domination, qu’ils soient réels ou plus souvent fantasmés. Car ce n’est pas en déboulonnant des statues ni en organisant des rencontres en non-mixité qu’on fera progresser l’égalité réelle : celle des possibles, dans une société où chacun a quelque chose à apporter. Un « quelque chose » qui n’a rien à voir avec ces particularismes identitaires, et tout avec les compétences, les potentialités, le talent.

Découvrez l’analyse du Centre Jean Gol “Neutralité de l’Etat et signes convictionnels”