En Commission des Médias du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles ce jour, la Ministre a répondu aux interrogations des députés de la majorité et de l’opposition au sujet de la note présentée au secteur le 27 mai dernier. La Ministre a réaffirmé sa détermination à avancer. Elle attend désormais la réunion du 10 juin prochain afin d’entendre les propositions d’évolution des acteurs concernés. La concertation continue.
La réponse complète de la Ministre est ci-dessous.
Mesdames et Messieurs les Députés,
Vous êtes nombreux à m’interroger aujourd’hui sur l’évolution des discussions autour de la réforme des médias de proximité.
Jusqu’à présent, j’avais choisi de ne pas commenter publiquement ces échanges, par respect pour les partenaires impliqués. Vous le savez : depuis mon entrée en fonction, et en parfaite collaboration avec les membres du Gouvernement et la Ministre-Présidente, j’ai fait le choix résolu du dialogue et de la concertation.
Je tiens d’ailleurs à rappeler, puisque cela semble parfois mal compris par certains, que le projet présenté lors de la réunion du groupe de travail du 27 mai dernier constitue une « pièce à casser ». Les discussions sont donc encore en cours, malgré les quelques réactions émotionnelles que nous avons pu observer.
Depuis le lancement de ce chantier, ma volonté est claire : coconstruire une réforme, dans la transparence et avec les acteurs concernés. Les représentants des médias de proximité eux-mêmes ont salué le fait que je sois la première Ministre des Médias à avoir pris le temps de me rendre, sur le terrain, dans chacun de leurs studios, aux quatre coins de la Wallonie et de Bruxelles, pour comprendre au mieux leur réalité.
Dans ce cadre, je ne peux que regretter le manque de propositions innovantes de la part de certains opérateurs concernés, alors même qu’ils reconnaissent la nécessité de faire évoluer leur écosystème. Je les ai donc invités à revenir, lors de notre prochaine réunion fixée au 10 juin, avec de réelles suggestions d’amélioration.
La Déclaration de Politique Communautaire est claire : « Les médias de proximité font partie intégrante du pluralisme des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles. ». L’objectif de la réforme est donc de consolider cet écosystème, en l’optimisant, tant sur le plan organisationnel que fonctionnel, dans un contexte budgétaire que vous connaissez tous.
Ainsi donc, le projet que j’ai mis sur la table comporte quatre volets.
Premièrement, une réduction pertinente et raisonnée du nombre de médias de proximité subsidiés
Le projet prévoit une diminution du nombre de médias de proximité reconnus et financés par la Fédération, passant de 12 à 8. Je précise d’ailleurs qu’il n’est pas question de fusion imposée. En 2031, simplement, seules huit structures, soit une par Province, à l’exception du Hainaut et de Liège qui en compteraient deux, seront éligibles au financement public.
Deuxièmement, un volet massif de simplification administrative
A leur demande, les contraintes administratives pesant sur les médias de proximité seront fortement réduites, afin qu’ils puissent pleinement se consacrer à leur cœur de métier. L’évaluation des conventions actuelles, prévue pour le 30 juin 2026, pourra constituer une opportunité concrète pour acter cette simplification.
Troisièmement, une objectivation du financement
Aujourd’hui, les aides publiques aux médias de proximité s’élèvent à environ 36 millions d’euros, dont 10,449 millions en subvention de fonctionnement au sein de mes crédits. Le projet prévoit de plafonner cette subvention de fonctionnement à 10 millions d’euros dès 2026 et jusqu’au 31 décembre 2030.
Lors de ce groupe de travail, j’ai également informé les opérateurs, dans une volonté de totale transparence, qu’une réforme des Aides à la Promotion de l’Emploi (APE) est en cours de discussion sous la houlette du Ministre wallon de l’Emploi. Elle devra être l’occasion d’objectiver les montants alloués aux médias de proximité, jusque-là attribués sans critères clairs et selon le bon vouloir des Ministres.
Je rappelle à titre d’’illustration que Antenne Centre, couvrant 10 communes, reçoit aujourd’hui 1,14 million d’euros, alors que Qu4tre, qui en couvre 55, perçoit 780.000 euros.
Et enfin, quatrième et dernier volet : un allègement des obligations de synergies avec la RTBF
Bien que je sois favorable à un renforcement des collaborations avec le service public, j’ai entendu les préoccupations exprimées par les médias de proximité à ce sujet. Le projet ne rend donc pas obligatoires ces synergies, mais souhaite les encourager et les faciliter.
Le cadre étant posé, permettez-moi de revenir sur quelques éléments de clarification, car depuis le 27 mai, beaucoup de choses et leurs contraires ont été dites.
Primo, les médias de proximité ne sont pas des médias publics. Ce sont des ASBL de droit privé, indépendantes, qui ne relèvent pas de l’autorité de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Je ne ferme aucun média. Je ne supprime aucune structure. Le projet vise uniquement à encadrer le financement public, dans le respect des moyens disponibles.
Secundo, contrairement à certaines affirmations, que j’imagine de bonne foi bien sûr, cette réforme ne mettra ni en péril l’ancrage local, ni en cause le pluralisme, ni en danger la démocratie locale. Bien au contraire, elle constitue une opportunité de créer de véritables pôles médiatiques locaux, solides, pertinents et objectivement financés. Je peux entendre que certains élus locaux, et j’en suis une, puissent regretter la perte d’une couverture « sur mesure ». Mais cette réforme est aussi une chance de construire, ensemble, un nouveau modèle plus fort pour nos localités.
Et puis, oui, Madame la Députée Linard, vous avez raison : un Montois n’est pas un Carolo, un Tournaisien n’est pas un Louviérois. Tout comme un Ixellois n’est pas un Anderlechtois, un Jettois n’est pas un Ucclois, un Gaumais n’est pas un Ardennais. Et pourtant, chacun d’entre eux partage aujourd’hui un média de proximité, sans pour autant être privé d’une information locale de qualité.
Enfin, ces derniers jours, j’ai entendu, à gauche, certains dire : « faire des économies sur les médias de proximité ne sert à rien, cela ne représente que moins d’1 % du budget de la FWB ». Je prends acte de cette logique. Cela reviendrait à dire que seuls les gros budgets peuvent être réformés. Mais alors, que propose-t-on ? De faire des économies sur l’Éducation et la recherche qui représente près de 68% du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles ? Eh bien, je vous le dis clairement : pour ce Gouvernement, il n’en est pas question.
Mesdames et Messieurs les Députés, je vous remercie pour vos questions qui m’ont permis de clarifier les intentions et les contours de cette réforme, ainsi que l’état d’avancement des discussions. Je ne manquerai pas de vous revenir après la rencontre du 10 juin.
Pour conclure, permettez-moi de rappeler ce qui guide, jour après jour, l’action de ce Gouvernement.
Ce qui l’anime, ce qui le porte, ce qui le pousse à avancer : c’est le courage de changer.
Le courage de changer, c’est oser bousculer les tabous trop longtemps ignorés.
Le courage de changer, c’est prendre des décisions parfois impopulaires, mais nécessaires pour l’intérêt général de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le courage de changer, c’est regarder en face les défis économiques et budgétaires qui nous attendent, et y répondre avec lucidité et fermeté.
Le courage de changer, c’est accepter de déplaire, parfois même à ses propres élus, lorsque l’enjeu dépasse les intérêts partisans.
Le courage de changer, c’est aussi une manière de gouverner : avec respect, loyauté et reconnaissance du travail de chacun. Je tente de m’y employer depuis bientôt un an.
Mesdames et Messieurs, si ce projet devait avoir une forme, ce serait celle de ma détermination : ma détermination à avoir le courage de changer pour que l’avenir de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’éclaire.
Je vous remercie.