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Cette semaine, nous nous rendons du côté de Clavier, dans la province de Liège, pour découvrir un bourgmestre-agriculteur, très attaché à la défense de la ruralité, notamment à l’Union des Villes et Communes de Wallonie où il est administrateur.

2006 a été l’année de la surprise : conseiller communal sortant, troisième sur la liste, tu deviens, grâce aux voix de préférence, bourgmestre de Clavier. Comment as-tu vécu cette transition pour le moins inédite ?

L’effet de surprise passé, cette réussite correspondait plus à la victoire d’une équipe qui reprenait les commandes de la commune après les avoir perdues en 2000. Un mandat de 6 ans dans l’opposition (le 1er en plus) permet de suivre et d’approfondir les matières pour mieux les cerner quand on en a la charge. Mais, effectivement, dans mon investissement public, l’ambition était d’arriver au collège de ma commune. Urbanisme et finances locales sont dans mes affinités mais quand on est bourgmestre, il faut avoir une vue globale sur tous les dossiers. La connaissance du territoire de Clavier et la mémoire de son histoire me permettent parfois de faire gagner du temps même à l’administration. Le réseautage, la représentation de la commune sont aussi des valeurs qui me sont chères, tout en gardant la proximité avec tous les citoyens. Ils apprécient le contact direct avec le mandataire. De notre côté, ces rencontres nourrissent nos actions, sans cesse à renouveler et à améliorer.

Peut-on dire que tu es tombé dans la marmite politique à ton plus jeune âge, avec un papa conseiller communal et échevin ? Est-ce que cela a influencé ton engagement ?

La potion magique génétique est probablement la plus efficiente. Nous sommes 4 frères et sœur. Ma sœur et moi avons pris tous les ions politiques tandis que mes frères évitent les sujets s’y rapportant. Mon père a été échevin 18 ans au moment de la fusion des communes. L’investissement était déjà le même mais les procédures et le contexte socio-économique étaient nettement moins inquiétants. Entre autres anecdotes, il lui arrivait de déneiger avec son tracteur sans défraiement ou de repérer dans toutes les rues, tous les 2 mois, les points lumineux défaillants avec sa voiture personnelle.

A côté du mayorat, tu poursuis tes activités agricoles. On t’a même vu en visioconférence en direct depuis ton tracteur : est-ce encore possible d’allier une activité professionnelle aussi exigeante avec le rôle de bourgmestre ?

Ces 2 activités professionnelles sont en effet très chronophages mais relativement souples en horaires, hormis quelques jours saisonniers plus exigeants quand ils dépendent de la météo ou de réunions budgétaires communales à rallonge. La réussite de cet alliage dépend cependant de certains facteurs favorisants. Tout d’abord, l’administration communale se trouve pratiquement au centre de mes activités professionnelles et il n’est pas rare de voir sur le parking un 6155R à la place de la Q3. Pas de pub, seuls les initiés s’y reconnaîtront. Les évolutions technologiques du matériel mais aussi des couvertures télécommunicantes améliorées permettent aussi, désormais, de rejoindre certaines réunions sans se déplacer ce qui est, outre un des seuls avantages de ces crises à répétition, une avancée en développement durable. Mais, surtout, je peux compter sur des partenaires forts et fiables, une équipe de collaborateurs communaux, mandataires, employés et ouvriers disponibles et motivés mais aussi, pour la partie entreprise, sur mon épouse et mon fils avec qui nous formons une équipe très forte. Les journées sont bien remplies mais chacun assume pleinement son rôle.

On connaît ton engagement rural. Si tu avais une baguette magique, quelle mesure mettrais-tu directement en place pour défendre la ruralité ?

Le sujet est plus vaste qu’un coup de baguette magique mais il faut surtout éviter d’opposer zones rurales et zones urbaines. Les réalités sont fondamentalement différentes, les responsabilités aussi. A mon sens, et suite aux 3 années très difficiles que nous venons de vivre, il faut vraiment entendre et écouter l’évolution de la sociologie et les aspirations des citoyens. L’espace rural est vaste et permet l’épanouissement et un cadre vie sain et naturel mais jamais, on ne pourra rencontrer ni assurer tous les besoins élémentaires de mobilité, d’activité économique, parfois même d’urbanisme dans des zones à risques ou de services éducatifs et de santé. Les atouts restent la nature, la mobilité douce, le tourisme et l’hébergement, la production de matières premières et les commerces locaux. Les défis sont imposants afin de créer des bassins de vie où chacun puisse rencontrer ses besoins et aspirations sans mettre à mal les ressources disponibles et en développant les actions incontournables que sont l’énergie, l’emploi, la santé, l’éducation mais aussi la crise sociale profonde que certains vivent. Personne ne peut rester sur le côté du chemin.

Enfin, tu joues également un rôle à la Zone de Police, dans des intercommunales, à l’Union des Villes, au sein du MR… Quel regard portes-tu sur la supracommunalité ou sur la lasagne institutionnelle ?

Comme dans la question précédente, il faut repenser le modèle local sans nécessairement tout casser. Je suis très inquiet sur l’avenir des finances communales, plombées par les charges de transfert vers les zones de police et de secours. Il est urgent que le pouvoir fédéral assure le soutien de ces charges essentielles que sont la sécurité, la justice et les services de secours.

Les communes rurales ne parviennent plus à assurer tous les services de base auxquels le citoyen a droit malgré des équipes soudées et dynamiques. Il faut donc créer des synergies entre communes pour, d’une part, rationaliser les compétences tout en assurant un service de proximité mais surtout permettre structurellement et financièrement le développement de projets indispensables pour l’épanouissement universel, projets inaccessibles commune par commune. Les GAL, conférences d’élus par arrondissement, parcs naturels, communautés d’énergie, associations de communes, etc. sont des exemples à poursuivre et à affirmer. Certaines fusions volontaires de communes sont envisageables mais demandent un engagement sans failles des différentes parties au seul bénéfice des citoyens.