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C’est le titre du nouvel ouvrage de la philosophe Nadia Geerts, également conseillère au Centre Jean Gol. Un sujet d’actualité tant la place du fait religieux a fait débat ces derniers mois, à travers les débats sur l’abattage sans étourdissement ou le port de signes convictionnels dans la fonction publique.

Géographiquement et culturellement située entre une France laïque et une Grande-Bretagne multiculturaliste, la Belgique se déclare quant à elle volontiers « neutre ». Nadia Geerts s’interroge sur ce que recouvre cette neutralité. Comment s’est-elle construite, de 1830 à nos jours, au départ d’un compromis historique entre libéraux et catholiques ? Et quel corps les différents partis politiques belges donnent-ils aujourd’hui à l’exigence d’impartialité de l’État ? Quel terme utiliser, quel contenu concret lui donner, et dans quel objectif ? Comment, à tout le moins, garantir le respect de quelques principes majeurs et sortir enfin des incessantes arguties juridiques qui, en ramenant inlassablement la question religieuse au centre de l’actualité, nuisent à la sérénité, voire à la paix sociale ?

Le débat est vif entre les partisans d’une neutralité « inclusive et les tenants du modèle français. La philosophe ne tourne pas autour du pot : c’est la place de l’Islam qui est questionnée. Le port du voile peut-il être autorisé dans la fonction publique ? La liberté religieuse est-elle plus importante que d’autres formes de liberté d’expression ? Peut-on admettre des exceptions religieuses (comme cela a été le cas pour l’abattage sans étourdissement à Bruxelles, alors qu’il ne l’est plus en Wallonie et en Flandre) ?

La Constitution belge ne prévoit pas de traitement différent pour la liberté de religion et la liberté d’expression. Elles sont placées sur le même pied. Alors que l’on assiste à l’émergence d’un nouveau courant doctrinal qui impose une hiérarchie entre les deux, Nadia Geerts estime qu’il est temps de légiférer.

La réponse, bien plus que par le choix d’un mot ou d’un autre, passera par l’affirmation claire de quelques balises, telles que le primat de la loi civile sur la loi religieuse, l’impartialité de l’État ou encore l’affirmation de la mission émancipatrice de l’école. Un sujet d’importance alors que l’on assiste à une réappropriation de l’espace civique par le religieux et qu’aucune religion n’est dénuée de velléité politique.

Nadia Geerts, agrégée de philosophie, est l’auteure de nombreux livres dont Tolérance ? Diversité ? Laïcité !, Je pense, donc je dis (avec Sam Touzani), Dis, c’est quoi le féminisme ?, Dis, c’est quoi une religion ?, Dis, c’est quoi la laïcité ? et Et toujours ce fichu voile ! Elle a reçu en 2019 le Prix international de la laïcité décerné par le Comité Laïcité République. Elle est également chroniqueuse pour l’hebdomadaire français Marianne. Son nouveau livre, publié aux Editions Luc Pire, est en vente en librairie et sur www.livre-moi.be 

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