Ce jeudi 12 novembre, dans l’Echo, Cyprien Devilers plaide pour une mobilité résolument viable et en phase avec les défis du 21è siècle.
Le gaz naturel est-il l’avenir de la mobilité en Wallonie ? Le CNG (Compressed Natural Gaz) présente des atouts charme indéniables. Il est 20 à 30% moins cher que l’essence ou le diesel, 40 à 60% moins énergivore, il diminue de 95% l’émission de particules fines et de 30% celle de CO2. Pourtant, en Wallonie, cette ressource fait figure d’outsider par rapport aux favoris que sont les carburants traditionnels en matière de transport. A l’heure où un scandale de « triche anti-pollution » frappe un célèbre constructeur automobile allemand, à l’heure où le débat sur le tax shift et la fiscalité verte suscite le plus vif intérêt, il est clair que le CNG se profile comme une alternative pragmatique.
Deux millions de véhicules en Wallonie. Un tiers de l’énergie que nous consommons est dédiée au transport routier. En Wallonie, 82% du transport de marchandises et 94% de celui des personnes transitent par les routes. Notre région compte plus de deux millions de véhicules. Les ménages wallons consacrent près de 20% de leur budget au transport. Ces chiffres démontrent combien le développement d’une mobilité viable est crucial. J’écris « viable » car en plus d’être durable et respectueuse de l’environnement, la mobilité doit offrir des garanties économiques et sécuritaires. Or, sur le sol wallon, les stations CNG brillent par leur quasi absence. De quoi décourager les automobilistes désireux de préserver l’environnement et leur portefeuille en roulant au CNG. Sécurité d’approvisionnement.
Une politique énergétique ambitieuse se fonde sur trois piliers : l’économie, l’écologie et la sécurité. C’est pourquoi nous devons encourager le développement de toute ressource durable, à un prix acceptable et bénéficiant d’un approvisionnement sécurisé. Ce dernier aspect renforce notre indépendance énergétique, nous libérant ispso facto d’une inféodation aux grandes puissances pétrolières. Disponible, écologique et économique, le gaz naturel dispose de qualités grâce auxquelles notre outsider pourrait se muer en champion. Le CNG, grand vainqueur à l’international.
Le CNG à l’international
Nos voisins européens et les Américains n’ont pas attendu pour exploiter les atouts du CNG. De nombreux modèles de véhicules existent sur le marché. Plus d’un millions d’entre eux circulent en Italie. L’ Espagne, la Tchéquie, la Norvège, les USA et le Canada s’équipent d’ores et déjà de bus au gaz naturel. La commission européenne a encouragé ce développement dès 2014 au travers de sa directive pour le déploiement d’une infrastructure pour carburant alternatifs (2014/94/EU).
Le gouvernement espagnol a décidé en juin 2015 d’adopter un plan de 30 actions concrètes. L’objectif était de promouvoir les énergies alternatives (dont le CNG) dans le secteur du transport. Le pays travaille notamment sur les infrastructures avec des mesures de promotion d’un réseau rencontrant les besoins de mobilité des usagers. Une étude réalisée pour le gouvernement allemand prédit le rôle prépondérant du CNG dans le débat sur la mobilité. Elle démontre que les véhicules électriques hybrides ne sont pas économiques à long terme. En effet, leurs coûts de production restent trop élevés. Avec le gaz, au contraire, l’équilibre économique est rapidement atteint.
En France, la Loi de Transition Energétique, adoptée en juillet 2015, présente un chapitre mobilité ambitieux et réaliste: 20% de véhicules à faibles émissions pour les collectivités locales, 50% pour les transports publics dès 2020. Plus près de nous, la Région Flamande développe un réseau dense de stations CNG : plus de 90% des stations belges y sont localisées. Le rôle clé des pouvoirs publics.
Une mobilité plus moderne en Wallonie
Deux pistes pourraient nous ouvrir la voie d’une mobilité plus moderne. D’une part, les stations CNG doivent se multiplier sur le sol wallon. D’autre part, on pourrait proposer le CNG aux flottes professionnelles via des cahiers des charges standards disponibles pour tous les services publics. Les autorités régionales disposent d’une compétence qu’il est nécessaire d’activer pour atteindre des objectifs environnementaux ambitieux, mais surtout réalistes. Les pouvoirs publics doivent assumer leur rôle d’exemplarité et d’initiative en faveur d’une utilisation rationnelle de toutes les sources d’énergie. C’est à ces conditions que notre région se tournera vers une mobilité résolument viable, en phase avec les défis du 21e siècle.