Discours du Ministre-Président Adrien Dolimont dans le cadre des Fêtes de Wallonie
Monsieur le Président, chers invités, en vos titres et qualités.
Chers membres de la presse, pilier de notre démocratie.
Il se passe quelque chose dans notre région. Il y a en Wallonie un sentiment de changement. Nous le ressentons tous. Je le vis chaque jour. A Liège, Mons, Charleroi, Tournai, Arlon, Namur, Wavre, Verviers et tout autant dans les plus petites villes ou communes, les Wallons et les Wallonnes sont en attente d’un renouvellement. Ils l’ont acté le 9 juin. En Wallonie, il y a désormais un front populaire qui s’adresse à toutes et à tous, fait pour toutes et tous, et qui insuffle un vent nouveau. Certains ont évoqué le terme de rupture. Il ne s’agit pas de ça. Ce qui se dessine, c’est une Wallonie, osons-le terme, en mode Pokémon // autrement dit en transformation, en adaptation, en modernisation. En évolution
« La Wallonie est comme une vieille légende qui se raconte à l’infini. Les vallées et les rivières murmurent encore des histoires d’anciennes batailles et de passions oubliées ».
Ces mots de Maurice Maeterlinck amènent une réflexion profonde sur la manière dont nous nous considérons, et sur la manière dont nous acceptons que les autres nous regardent.
Pendant des années, nous, Wallonnes et Wallons, avons dû écouter les mêmes discours. D’un côté de la frontière linguistique, nous étions des profiteurs du système. De l’autre, ici même, certains se lamentaient sur une situation économique et sociale trop compliquée.
Pendant des années, notre regard s’est posé sur un temps révolu, déplorant notre grandeur passée : une terre de pôles industriels, une terre d’innovation et d’excellence, une référence mondiale.
Pendant des années, nous nous sommes battus, nombreux, contre ce double regard.
Et pendant des années, les défaitistes, les « àquoibonistes » nous ont seriné « la situation est comme elle est… vous n’y changerez jamais rien ».
Mesdames et Messieurs, il n’y a aucune fatalité. Aucune fatalité. Jamais. C’est une première et formidable nouvelle pour nous tous.
Aujourd’hui, les Wallons et Wallonnes nous ordonnent de mettre notre énergie au service d’une Wallonie fière qui ne regardera plus derrière elle. Une Wallonie conquérante qui veut, qui va progresser pour se transformer en une région que l’Europe observe, avec étonnement d’abord, envie ensuite. C’est notre ambition.
Je ne me voile pas la face, le défi est immense et les attentes nombreuses, à la hauteur des déceptions vécues et des frustrations ressenties longtemps par ceux qui voulaient, bloc par bloc, construire autre chose. Je suis, évidemment, de ceux-là. Je vous le répète, la fatalité n’est plus de mise.
J’ai une deuxième et épatante nouvelle : nous allons parvenir, tous ensemble, à transformer la Wallonie. Rien que cela. Tout cela.
Il va falloir un peu de temps, je le sais. Mais croyez-moi le plus dur est fait. J’en suis intimement convaincu. Le plus dur, c’est la prise de conscience, le fameux Mindset cher aux anglo-saxons : Y croire toujours, envers et contre tout. Aujourd’hui les mentalités changent, elles s’affirment en mode positif. Avec elles, la volonté et la confiance ont réapparus.
Nous sommes à l’œuvre, depuis la formation du gouvernement que j’ai l’honneur de présider.
Nous expliquons notre projet. Nous consultons ceux qui peuvent nous aider à le mettre en place. Nous négocions sa réalisation. Nous prenons aussi le temps nécessaire.
Nous progresserons en évaluant systématiquement nos décisions. Cette évaluation de nos politiques sera la règle, et non l’exception. Nous avançons avec ordre et méthode.
Pour la première fois depuis des décennies, les wallonnes et les wallons expriment cette véritable envie de se projeter dans l’avenir avec une assurance nouvelle.
Ils souhaitent se réattribuer en grand ce supplément d’âme qui les a toujours définis.
J’ai donc une troisième et merveilleuse nouvelle : Notre région regorge de talents.
En Biotech, en Intelligence Artificielle, en Pharma, en défense, en énergie, en alimentaire…la science est là, les compétences sont là. J’y ajouterai notre savoir-faire en termes d’éducation, de santé, de bien-être, mais aussi de durabilité et d’environnement. Et je n’oublie pas toutes celles et tous ceux qui nous font rêver par leur art ou leurs exploits sportifs.
La seule façon de révéler ces talents, mais surtout de les accompagner, de les faire grandir, c’est d’écouter leurs exigences et de mettre à leur disposition tous les outils souhaités.
Pour cela, nous sommes déterminés à secouer nos institutions et notre fonctionnement sans aucun tabou. Nous allons changer – véritablement changer – tout ce qui est nécessaire pour rendre notre région plus efficace, plus compétente, plus agile. La tâche est lourde, les freins nombreux, mais il est illusoire de tabler sur notre découragement. Ce mot ne figure plus dans le vocabulaire wallon !
Ici dans cette salle manquent tous ceux pour qui tout ce que nous entreprenons aujourd’hui fait sens. Ceux qui nous offrent l’énergie indispensable pour réussir notre pari de redresser la Wallonie : les générations Z et alpha. Toutes les Wallonnes et Wallons nés depuis la fin des années 90, celles et ceux qui ont moins de 30 ans aujourd’hui.
Les jeunes, nos enfants, mes deux fils, me donnent l’envie de partager ces « bonnes nouvelles ».
Nos jeunes doivent pouvoir grandir avec confiance et douceur. Par nos décisions, nous avons l’obligation de leur offrir un chemin où nos pas, dans les leurs, les emmèneront vers une Wallonie où ils seront heureux de vivre.
Pour pouvoir avancer vers ce changement, nous devons être attentif à toutes les réalités que vivent les Wallonnes et les Wallons.
Pour accomplir ce qui est véritablement notre mission, il y a des priorités absolues et complémentaires.
Tout d’abord, la simplification administrative. Aujourd’hui encore, la charge administrative qui pèse sur les usagers et les institutions est trop importante. Il y a bien évidemment les transitions énergétiques, climatiques et digitales, qui nous obligent face aux générations futures. Il y a l’insoutenable lourdeur des finances publics, une préoccupation majeure de notre législature. Il y a les difficultés du pouvoir d’achat que chacun rencontre. Il y a enfin l’emploi que je cite en dernier à dessein. Seul le travail individuel et collectif d’un très grand nombre rendra possible la résolution de tout ce qui précède.
Aujourd’hui l’optimisme réfléchi est notre meilleur allié, le sens du devoir notre responsabilité.
Faisons-nous confiance, c’est le ciment de chaque société. Sans elle, il n’y a ni cohésion, ni progrès, ni liberté. Confiance entre nous, citoyens de cette éblouissante Région.
Confiance en nos institutions Confiance en notre capacité collective à soulever les montagnes. Rares sont les sommets qui s’atteignent sans efforts mais ensemble. Il n’y a rien que nous ne puissions accomplir.
Vous permettrez, Mesdames, Messieurs, à l’ingénieur que je suis de citer le poète René Char, « Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience ».
Aujourd’hui, les Wallonnes et les Wallons nous ont confié la « mission possible » du basculement, de l’audace et de l’ambition.
Je suis en mission.
Je veux, chaque jour du reste de ma vie publique, passer de la parole aux actes.
Pour Conclure, appelons-nous les mots de Simone Weil, « L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même ».
Je vous souhaite, Mesdames, Messieurs, mes chers amis, des fêtes de Wallonie teintées de pur bonheur, de nos légendaires joie de vivre et esprit festif, des fêtes de Wallonie remplies d’espoir, de confiance et de force d’âme.
Je vous remercie.