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La Commission européenne a décidé de fragmenter la Politique agricole commune (PAC), de réduire son budget de 20% (alors que le budget global communautaire a augmenté) et de l’intégrer dans un fonds unique. La PAC va donc être noyée dans un fonds unique avec la politique de cohésion, la pêche, la gestion des frontières, la migration, la sécurité intérieure et la politique sociale. Un budget de 302 milliards d’euros est proposé pour la PAC auquel s’ajouterait, sur base volontaire, des fonds décidés par les États membres.

Ce mercredi 16 juillet, les syndicats agricoles européens, sont descendus dans la rue pour protester contre ce projet.  Une manifestation qui a démarré devant le Parlement européen à Bruxelles et s’est dirigée vers la Commission européenne.

« Le projet de la Commission européenne va amener à une renationalisation de la PAC et une perte d’unité au niveau européen. En considérant que nous sommes dans un marché unique, c’est du suicide car les agriculteurs européens seront en concurrence entre eux, alors qu’ils sont déjà dans un marché mondial très compétitif. Que cherche à faire la Commission européenne ? À tuer la Politique agricole commune ? » s’est interrogé Benoît Cassart, agriculteur et député européen MR (Renew) qui a participé à la manifestation.

Le 18 juillet 2024, au Parlement européen de Strasbourg Ursula von der Leyen s’exprimait pour demander la confiance aux eurodéputés pour un second mandat à la tête de l’exécutif de l’UE. À cette occasion, elle s’était engagée à garantir un revenu équitable aux agriculteurs européens : « nos agriculteurs et agricultrices façonnent nos paysages. Ils façonnent le visage de l’Europe. Ils constituent un pan de notre culture. Ils garantissent notre sécurité alimentaire » affirmait la Présidente de la Commission il y a tout juste un an. Absorber la PAC dans un méga-fonds fusionné sous l’intitulé “Fonds de partenariat national et régional et plans” ne semble pas du tout aller dans la direction d’une plus grande autonomie stratégique en matière d’alimentation. « Ursula Von der Leyen démontre qu’elle n’a cure du secteur agricole », a souligné le député européen Benoît Cassart.

Et il ajoute « l’Union européenne est actuellement le premier exportateur mondial de produits agricoles. Elle occupe cette position grâce à la Politique Agricole Commune et à la production diversifiée de ses États membres. Affaiblir la PAC en la renationalisant et en coupant son budget c’est un cadeau aux ennemis de l’Union européenne car nous allons moins produire chez nous et davantage importer notre alimentation. »

Dans un contexte de réduction budgétaire pour l’agriculture, Benoît Cassart a interpelé le Commissaire Hansen en Commission agriculture du Parlement européen, sur l’opportunité d’une plus grande protection du marché par une préférence européenne et par l’insertion de clauses de réciprocité dans les accords de libre-échange.

Le budget de la Politique Agricole Commune a déjà été fortement impacté par une baisse des investissements ces dernières années, principalement à cause de l’inflation. Or, le secteur agricole est aujourd’hui à la croisée des chemins. Pris entre les injonctions climatiques, les contraintes économiques, les critiques sociétales, et les distorsions de concurrence mondiale. « Ursula Von der Leyen doit revoir sa copie, écouter le monde agricole et le Parlement européen pour proposer une PAC forte et ambitieuse » a conclu Benoît Cassart.