Skip to main content

Le 18 septembre restera encore une date particulière pour le Centre Jean Gol. Alors qu’à quelques pas de nos murs, une manifestation se déroulait dans les rues de Liège, nous avons choisi de maintenir la soirée d’hommage à Jean Gol et aux 20 ans de notre Centre d’études.

Cette soirée commémorative fut l’occasion de rassembler de nombreux amis, chercheurs, mandataires et citoyens attachés à l’héritage intellectuel et politique de Jean Gol. Depuis sa création, notre Centre joue un rôle essentiel : offrir un espace de réflexion sur les grands enjeux de notre société contemporaine, et être capable de repenser notre monde.

La démocratie libérale se nourrit d’idées, de débats et d’échanges constructifs.

Retrouvez ici le discours du Président du Centre Jean Georges-Louis Bouchez

C’est un peu particulier pour moi d’évoquer Jean Gol parce qu’en fait, quand il est mort, j’avais 9 ans. Et donc, je n’ai une connaissance de Jean Gol qu’à travers l’histoire, qui est à travers le travail qui a été fait au sein du mouvement réformateur pour éditer un livre sur nos 175 ans en 2021.

Ce que je retiens de Jean Gol, c’est qu’en fait, célébrer Jean Gol, c’est célébrer la politique avec un grand P.

Parce que la politique, elle a deux caractéristiques. Les femmes et les hommes politiques ont normalement deux caractéristiques. Et c’est ce qui fait la différence entre un politicien et un homme ou une femme politique.

Ces deux différences, elles sont assez simples. La première, c’est quelqu’un qui est capable de marquer son époque. C’est souvent la rencontre entre un individu et une époque. Effectivement, selon l’époque à laquelle vous naissez, ce n’est peut-être pas le politique attendu à ce moment-là. Je ne suis pas certain que le général de Gaulle aurait pu gagner une élection aujourd’hui. Les gens trouveraient très bizarre d’avoir quelqu’un à la télévision avec un képi qui vient leur expliquer comment la France doit être conduite.

Par contre, Jean Gol était l’homme de son époque, des défis de son époque. Il a dû affronter des enjeux comme la désindustrialisation de la Belgique, en particulier de la Wallonie, des moments très compliqués pour redresser notre pays sur le plan économique, des enjeux en matière, on l’a évoqué tout à l’heure, d’immigration, qui n’étaient pas contrôlés, qui ont généré d’ailleurs toute une série de problèmes de vivre ensemble que nous connaissons aujourd’hui.

Homme de son époque aussi, par rapport à la construction institutionnelle de notre pays, dans un contexte qui est un contexte de division. Et ce qui a marqué son époque, je pense que si aujourd’hui, 30 ans plus tard, on parle encore de lui, c’est la meilleure preuve.

Le deuxième élément qui caractérise un homme et une femme politique, c’est la capacité à penser un monde qui n’existe pas. La plupart des individus pensent le cadre et pensent dans le cadre tel qu’il existe.

Une personnalité politique à la capacité de penser à un monde qui n’existe pas encore et qui à ses yeux serait souhaitable, ou qui en tout cas répond à des défis. C’était aussi la capacité de Jean Gol et cela a été illustré par le propos de Daniel Bacquelaine qui évoque le programme de 1995 qui était déjà, et peut-être, malheureusement, toujours d’actualité en 2024.

La capacité à pouvoir penser ce qui n’existe pas, c’est ce qui fait qu’on crée du débat. Et Jean Gol n’avait pas peur du débat. Parce qu’on a loué ses qualités de compromis, sa capacité à s’entendre avec les autres. Mais Daniel l’a également rappelé, c’était aussi quelqu’un qui, d’ailleurs privilégiait le scrutin majoritaire, parce qu’il estimait que les individus devaient faire un choix sur un programme politique clair, et que les femmes et les hommes politiques élus devaient à la fois assumer leur politique sans nécessairement la rejeter sur le partenaire de coalition.

En cela, nous considérons aujourd’hui, et je pense que nous pouvons considérer que le MR s’inscrit dans cette tradition, dans cette volonté d’un discours clair, d’un projet établi. C’est la raison pour laquelle, et bien, il n’y avait pas de meilleure figure pour donner le nom de notre centre d’études, le centre Jean Gol.

La volonté de ce centre et tout le travail qui a été mené ces dernières années a un objectif, c’est imposer les thèmes du débat public. C’est d’avoir la capacité de gagner ce qu’on appelle, qui vient d’ailleurs de la gauche de Gramsci, la guerre culturelle.

Alors la guerre culturelle lorsqu’elle est présentée comme ca, cela peut apparaitre comme quelque chose de belliqueux. Ca ne l’est pas. La politique c’est au contraire un moyen très pacifiste de régler des divergences et de déterminer les choix de société.

Et pour déterminer ses choix de société, avant de gagner les urnes, il faut gagner les esprits, il faut gagner le débat intellectuel.

C’est la raison pour laquelle aujourd’hui le Centre Jean Gol est une pièce maîtresse du mouvement réformateur. C’est de là où on étudie les idées à venir, c’est là où on arrive à comparer, c’est là où on organise les débats et où on parle à tout le monde, en dehors de toute considération idéologique ou partisane.

C’est exactement l’opposé de ce à quoi on a eu droit à l’entrée. C’est la capacité de pouvoir penser à un monde meilleur par l’échange, par le dialogue et par quelque chose qui tenait fortement à cœur à Jean Gol, l’intelligence.

Parce que Jean Gol détestait la médiocrité et constituer un programme politique qui n’est pas étudié, qui n’est pas réfléchi, qui n’est pas confronté, c’est la médiocrité.

Car vous savez ce que disait Jean Gol de la médiocrité et je pense que, comme Jacques Brel, il devait estimer que la médiocrité c’était de la fainéantise. Parce qu’en fait vouloir se dépasser, créer de nouvelles idées, cela implique de travailler, de se confronter parfois et parfois être critigé. Mais c’est l’essence même de ce qui fait la politique.

Alors notre centre, aujourd’hui, il fête ses 20 ans. Et il a de grandes perspectives devant lui, puisque nous avons décidé de pouvoir le déployer également en Flandre, parce que, justement, ce débat d’idées ne s’arrête pas à des frontières. Les idées ont pour vocation de transcender l’ensemble des clivages et des séparations. Ce déploiement en Flandre vise aussi à recruter des chercheurs, des scientifiques venant du nord du pays avec d’autres sensibilités, avec une autre approche et pour permettre en fait d’enrichir notre réflexion politique, d’enrichir le projet de société que nous défendons.

Le centre va également continuer à multiplier les activités et les thématiques. Dans les prochaines semaines vous aurez de nouveaux débats.

Nous avons par exemple récemment mis sur la table la question de la réouverture des mines. Je vous disais tout à l’heure, vous êtes capables de penser à un monde qui n’existe pas. Si la première fois que vous sortez une idée, les gens vous regardent bizarrement, il ne faut surtout pas arrêter de défendre cette idée. Il faut continuer. Je vous dis qu’à la 4e ou 5e fois, ils vont peut-être commencer à la considérer. Et à la 30e fois, c’est vous qui aurez gagné et qui aurez la capacité de changer les autres. C’est la mission qui est affecté au CJG et nous œuvrons  chaque jour pour que le centre ait une place centrale dans le débat public, car on ne peut gagner une élection sans les idées.

Et vraiment, et je tiens à profiter de l’occasion pour remercier l’ensemble de nos collaborateurs, des collaborateurs du gouvernement réformateur, des collaborateurs du Centre Jean Gol, parce que la victoire de 2024, c’était une victoire d’idées. Ça n’a pas été une victoire de communication. Et la grande erreur du monde politique est de toujours croire que c’est une question de communication.

Alors bien sûr, quand vous avez une bonne idée, il vaut mieux avoir la capacité de la diffuser. Mais sur le fond, c’est toujours l’idée qui fait la différence. C’est toujours le travail intellectuel qui charpente la ligne politique qui fait la différence.

C’est la raison pour laquelle je vous invite à participer à nos prochains événements, à pouvoir collaborer à ce travail parce qu’il n’y a pas de limite, il ne faut pas être un élu, il ne faut pas être un collaborateur pour participer au débat d’idées.

Chaque citoyen, par sa capacité à penser, est un acteur légitime à pouvoir intégrer et influencer notre Centre d’étude.

Je souhaite en profiter une nouvelle fois pour remercier toutes les équipes, remercier également tous les témoins. Parce que chaque jour, je pense que c’est la clé en fait. Quand vous occupez une fonction, vous devez toujours regarder qui sont vos prédécesseurs. Et au premier jour, au jour où j’ai occupé cette fonction, quand vous réalisez que vous avez comme prédécesseur des gens comme Jean Gol, des gens comme Louis Michel, d’autres bien évidemment comme Didier Reyners et beaucoup d’autres personnalités qui se sont succédées à la tête du plus vieux parti de l’Europe continentale, vous vous rendez compte que c’est un grand honneur et c’est surtout une grande responsabilité.

Cette responsabilité, je veux la mener grâce à toutes les personnes que j’ai pu citer, les collaborateurs, les élus, mais aussi les militants, parce que le combat politique, c’est un combat collectif. Et notre force de mobilisation, qui a encore été démontrée dimanche dernier, est un élément important également de notre engagement.

Un dernier mot pour remercier ce soir en particulier les forces de l’ordre, parce que je n’ai pas eu l’occasion d’évoquer au début de mon propos, mais nous avons des hommes et des femmes de l’ordre qui ont pris des insultes, des coups, des projectiles, toutes la soirée uniquement pour nous permettre de faire ce travail démocratique, qui est de pouvoir échanger, qui est de pouvoir étudier, qui est de pouvoir réfléchir sur les enjeux de notre époque. Je vous demande vraiment si vous en avez l’occasion de pouvoir les remercier à la sortie.